Numérique

Transformer des cours en contenus interactifs avec Nolej AI

Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs

L’entreprise française Neuronys a lancé la commercialisation en avril de Nolej AI, un outil qui utilise l’intelligence artificielle pour transformer des supports de cours statiques en contenus interactifs pour les apprenants. La edtech compte également mettre sur le marché prochainement une plateforme d’autoformation.

Nolej AI a été lancé lors du salon GSV à San Diego du 17 au 19 avril. - © Future of life institute
Nolej AI a été lancé lors du salon GSV à San Diego du 17 au 19 avril. - © Future of life institute

Après la génération automatique de dissertations ou d’images grâce à l’intelligence artificielle (IA), c’est au tour de la conception des formations de se transformer au vu des évolutions technologiques  !

Lors du sommet ASU+GSV mi-avril à San Diego (États-Unis), l’entreprise edtech française Neuronys a lancé la commercialisation de Nolej AI, un outil qui transforme en quelques minutes grâce à l’IA un texte ou un audio en contenus interactifs : quizz, vidéo pédagogique, mots croisés, texte à trous… La société était d’ailleurs la seule tricolore finaliste de la GSV Cup, un prestigieux concours international de start-up edtechs.

L’IA au cœur de la plateforme

«  J’ai présenté mon prototype en février 2020 à Learning Technologies, il a rencontré beaucoup de succès  », commence Philippe Decottignies, dirigeant et fondateur de l’entreprise créée en 2018. Après avoir obtenu diverses subventions ou prêts des collectivités et de Bpifrance, Nolej a poursuivi son développement et compte aujourd’hui une dizaine de salariés, quatre cofondateurs et une filiale aux États-Unis dans le Delaware. 

Un partenariat avec ChatGPT

À l’occasion du Bett Show à Londres fin mars, l’entreprise a présenté sur le pavillon France une démonstration de son outil Nolej AI et annoncé un partenariat avec Open AI, la société qui édite notamment ChatGPT.

«  Pour transformer des documents statiques en supports pédagogiques, nous utilisons notre propre IA, renforcée par ChatGPT3 et ChatGPT4. Les contenus générés par Nolej s’adaptent au contexte du texte d’origine  », souligne Philippe Decottignies.

Un QCM créé à partir d’un papier de recherche très pointu sera donc destiné à des étudiants ou chercheurs avertis et non à de jeunes élèves. Pour s’assurer de la véracité des contenus pédagogiques, Nolej AI s’appuie uniquement sur le fichier source et non sur d’autres ressources disponibles en ligne. 

«  Les enseignants et les formateurs sont au cœur de l’outil, il faut qu’ils puissent vérifier ce que propose l’IA. 90 % du travail de création est fait par la machine. L’intelligence artificielle étant très prolixe, le travail du professeur est de recentrer les modules de formation sur les concepts les plus importants  », indique le fondateur de Neuronys.

Un outil pour les enseignants et les entreprises

Disponible en anglais pour l’instant, l’outil sera déployé dans les principales langues européennes d’ici l’été. Son développement s’est d’abord concentré sur le secteur académique, mais a vocation à s’élargir à la formation en entreprise, bien que plus complexe à appréhender pour l’IA en raison du jargon et des acronymes propres à chaque secteur d’activité.

«  Nous avons fait des pilotes payants avec l’Université de Lausanne et des entreprises comme La Poste. Nous commençons à avoir des achats récurrents de licence annuelle dans des établissements scolaires britanniques par exemple. L’idée de départ est de permettre à tous les managers d’une entreprise de concevoir un support de formation pédagogique pour faciliter l’intégration de ses nouvelles recrues, sans s’appuyer sur une équipe d’ingénieurs pédagogiques  », note Philippe Decottignies.

Un complément aux acteurs académiques

Outre la création rapide de supports de formation interactifs, l’entreprise compte proposer deux autres outils à la fin de l’année 2023. 

Philippe Decottignies a créé la start-up edtech Neuronys en 2018. - © D.R.
Philippe Decottignies a créé la start-up edtech Neuronys en 2018. - © D.R.

Le premier Nolej Graph «  pour cartographier les formations en créant un Google maps des compétences afin de repenser la manière de se former et d’apprendre  ».

Le second Nolej Protocol propose aux apprenants d’être mis en relation avec des experts et des ressources des domaines qu’ils souhaitent approfondir. La plateforme d’autoformation a pour ambition de «  permettre la validation dynamique des compétences. Si un actif ne pratique pas une compétence pendant cinq ans, même s’il l’a apprise à l’école, alors cela ne signifie pas qu’il la maitrise  », précise Philippe Decottignies.

Comparable aux open badges, ces reconnaissances ne permettent pas d’obtenir un diplôme universitaire, mais de faire valoir le suivi de Moocs, conférences en ligne ou encore l’acquisition de compétences par le travail.

Une plateforme d’autoformation inspirée de sa propre expérience

L’idée d’une plateforme d’autoformation découle pour Philippe Decottignies d’une reconversion professionnelle après une carrière dans plusieurs groupes internationaux spécialisés dans le numérique.

«  En 2018, je travaillais dans le secteur de la musique en ligne et j’ai mis fin à mon contrat pour apprendre le traitement naturel du langage. J’ai suivi des cours de l’University College of London, StandGord, Udacity, Courser, Fun Mooc… J’ai cherché du contenu sur le développement de projet par l’IA pour les managers, mais la recherche sur les plateformes d’e-learning fut laborieuse  », se souvient-il. 

Cela qui deviendra plus tard son associé et directeur de la branche américaine de Nolej, Bodo Hoenen, a lui aussi connu une expérience similaire d’autodidacte. «  Le bras de sa fille était paralysé à cause d’une polio. Il a du développer un exosquelette tout seul avec les ressources disponibles sur internet. Cela a renforcé sa conviction qu’il était possible son propre parcours de formation seul  », raconte le fondateur de Neuronys.

Proposer de la formation continue abordable

L’entreprise installée dans les Hauts-de-France, près de Valenciennes, se définit comme complémentaire aux établissements d’enseignement supérieur et non comme un concurrent. «  Une fois dans la vie active, peu de personnes retournent à l’université pour obtenir un diplôme, mais elles suivent des Moocs pour se spécialiser dans un domaine  », ajoute Philippe Decottignies. 

Une démarche qui fait écho à l’évolution rapide des métiers et des compétences. «  Nous n’avons aucune idée des métiers qui existeront dans dix ans. Il y a une latence dans l’adaptation des formations universitaires au monde de demain. En France, les études supérieures sont relativement abordables. Aux États-Unis, la dette étudiante est astronomique et certains jeunes s’interrogent même sur l’utilité de suivre des études  », explique-t-il.