Confinement : « j’arrive à orchestrer mes cours à distance presque mieux qu’en présentiel »
Par Marc Guiraud | Le | Pédagogie
John Kenwright enseigne l’anglais à Grenoble INP - Pagora (École internationale du papier, de la communication imprimée et des biomatériaux) et il est aussi membre de PerForm, organisme de formation professionnelle spécialisé dans la prévention des risques, la réglementation et la sécurité au travail.
Confiné depuis le 17 mars 2020, il partage sa nouvelle expérience de l’enseignement et de la formation à distance.
Qu’est-ce qui a changé dans votre façon de travailler depuis le confinement ?
repenser certaines postures avec ces nouveaux outils
Le grand changement, c’est la posture pédagogique et l’acquisition de compétences technologiques pour nos élèves. Il est donc important de remettre notre pédagogie en question. Je suis convaincu que lorsque les cours reprendront « normalement », nous aurons tiré des enseignements pédagogiques de cette situation exceptionnelle et le corps enseignant ressortira ayant acquis des nouvelles compétences technologiques et pourra même repenser certaines postures avec ces nouveaux outils.
En tant qu’enseignant de langue, j’arrive à orchestrer mes cours à distance presque mieux qu’en présentiel.
J’utilise la plateforme Discord comme outil et suis amusé de constater que mes étudiants sont plus disciplinés à distance qu’en présentiel.
Comme membre de PerForm, je suis bien outillé technologiquement : nous utilisons des technologies en ligne et des salles de cours virtuelles depuis 10 ans déjà ! Les 2-3 premières semaines, j’ai été beaucoup sollicité pour aider des collègues à mettre en place leurs enseignements à distance. Je travaillais de nombreuses heures par jour sur écran, c’était vraiment très fatigant. Notre manière de travailler a changé, il faut repenser tous nos cours et tous nos supports en version numérique et interactive, c’est un challenge très intéressant.
Comment maintenez-vous le lien avec vos collègues ?
Nous maintenons le lien avec Discord pour le travail, mais nous avons également instauré des moments conviviaux : des teatime, apéros, goûters ou pauses café en visio.
Vos petits trucs d’organisation ?
Un des petits trucs pour l’enseignement est de garder une trace numérique de tout. Il faut aussi prioriser ses tâches et gérer son temps avec des pauses de 5-10 minutes.
Comment séparez-vous vie professionnelle et vie personnelle ?
Mieux tenir les horaires
Nous avons instauré des espaces dédiés : la chambre de mon fils est devenue une salle de cours, le salon est devenu mon bureau. Il est important de ne pas être tout le temps l’un sur l’autre, comme nous sommes ensemble 24h sur 24. J’essaye de mieux tenir les horaires, de déconnecter un peu : les premières semaines, je travaillais souvent jusqu’à minuit !
Quel est votre ressenti sur la situation ?
Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends
C’est un étonnement énorme pour moi. C’est un peu comme si nous étions sur une autre planète. En même temps, la situation est tout de même stressante. J’ai un ami qui est dans le coma, en réanimation entre la vie et la mort alors qu’il n’avait aucun antécédent médical. Le danger est vraiment réel !
Mais je vois aussi du positif dans cette situation. Comme disait Nelson Mandela : « je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». Cette situation est l’opportunité de réfléchir au sens de la vie et de prendre conscience de toutes les petites choses de notre quotidien « normal » qui nous rendent heureux.
Cette situation inédite est aussi la chance de passer plus de temps avec mon fils. J’ai la chance d’avoir un petit jardin. Tous les jours, je sors 20 minutes, courir un peu ou taper dans un ballon. Avec mon fils, nous jouons au ping-pong, billard, fléchettes. Je fais aussi une pause l’après-midi et je prends un thé dehors.