Covid-19 : comment organiser les examens à distance ?
Par Marine Dessaux | Le | Pédagogie
Voici les conseils de la Dgesip (Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle) du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, pour organiser des examens à distance.
Quelles procédures pour les établissements ?
En l’absence d’une procédure établie et encadrée par le règlement des études, normalement voté au plus tard à la fin du premier mois d’enseignement, les établissements sont appelés à intégrer à leur plan de continuité d’activité des mesures pour assurer la tenue des examens à distance.
Etapes à suivre par l’établissement
• Prendre connaissance des possibilités indiquées dans le plan de continuité pédagogique émis par la Dgesip
• Etablir des cadres qui sont à intégrer dans le plan de continuité d’activité en tenant compte des spécificités liées à la volumétrie et aux besoins des établissements
• Pour chaque département et équipe pédagogique, faire des choix en conséquence sur la modulation de la validation des connaissances, qui seront cadrés par la gouvernance de l’établissement.
« Du fait du caractère exceptionnel de la situation, des adaptations seront nécessaires par rapport à ce que prévoient les modalités de contrôle des connaissances. Les adaptations pourraient être validées a posteriori par les CFVU pour avoir un état des lieux de ce qui a été mis en place et ainsi identifier les éventuels écarts », dit Pierre Beust, vice-président délégué aux transformations pédagogiques de l’Université de Caen Normandie et conseiller MiPNES (Mission de la pédagogie et du numérique pour l’enseignement supérieur) à la Dgesip.
Quelles préconisations ?
Fournisseurs de services cités
ProctorExam, Managexam et TestWe.
Formes de télésurveillance
Utiliser plusieurs formes de télésurveillance :
- Télésurveillance humaine, dite “surveillance synchrone”,
- Télésurveillance algorithmique, qui se base sur des images du candidat pour détecter les anomalies, appelée “surveillance asynchrone”.
Les surveillants peuvent être soit mis à disposition par l’établissement qui organise l’épreuve, soit mis à disposition par l’entreprise prestataire.
Ici apparaît une limite potentielle du système : la dépendance aux employés dédiés à la surveillance.
TestWe sous-traite à ProctorExam le recrutement de ces personnes.
ProctorExam propose également des surveillants en faisant appel à MonitorEdu, entreprise nord-américaine, pour leur recrutement.
« La surveillance synchrone est certes très sécure, mais non envisageable massivement et dans l’urgence. Reste la surveillance asynchrone, mais là encore, il nous faut être vigilant : il va se poser la question de la saturation de la bande passante des serveurs de télésurveillance, mais plus encore, nous risquons aussi la saturation de la bande passante des étudiants qui partagent leur connexion en famille.
Une solution plus raisonnable serait l’exploitation de photos prises par les webcams, à intervalle régulier, pendant les épreuves », selon Pierre Beust.
Quelles capacités pour la télésurveillance en simultanée ?
• ProctorExam : télésurveillance simultanée pour 7 000 candidats en prévoyant cette opération trois semaines à l’avance.
• Managexam : télésurveillance de plus de 10 000 candidats en simultané avec un temps de réaction de deux à trois semaines.
• TestWe : télésurveillance simultanée à « court terme » de 5 000 candidats et « plus si l’on dispose de temps pour identifier les surveillants ».
Télésurveillance : ce qu’il faut prendre en compte
Le recours à la télésurveillance des examens doit être circonscrit à des cas précis. Il n’est pas encouragé systématiquement. De fait, plusieurs aspects sont à prendre en compte :
- Le manque de précédents : pour les établissements qui souhaitent mettre en œuvre une épreuve en télésurveillance, il est recommandé de procéder à un test afin avec la cohorte sélectionnée. Ceci permet tant de rassurer les candidats que pouvoir anticiper le déroulement de l’épreuve.
- L’anticipation de la demande : le recours à la télésurveillance des examens par un prestataire devra se faire dans un contexte de très forte demande où le marché ne sera pas en mesure d’absorber les besoins massifs de tout l’ESR français au même moment. Des stratégies d’adaptation et de répartition pourront avoir lieu.
- Le coût : il demeure pour l’instant à charge des établissements et se compte par type de surveillance et par personne surveillée. Une volumétrie importante occasionnera un coût marginal pour l’établissement.
Combien coûte la télésurveillance ?
Le plan de continuité pédagogique indique des tarifs forfaitaires pour trois prestataires de service avec des prestations différentes.
Managexam :
• Examens non surveillés : 1,50 € par candidat.
• Examens surveillés en asynchrone (sur la vidéo captée) : par l’établissement 5 €/heure, par le prestataire 8 €/heure.
• Examens surveillés en synchrone (surveillant en ligne) : par l’établissement 5 €/heure, par le prestataire 10 €/heure.
ProctorExam :
• Forfaits pour un nombre d’examens annuels allant de 500 examens pour 2800 € à 50 000 examens pour 49 000 €.
• S’ajoutent 5 € par examen en asynchrone (record & review) ou 7 € par examen synchrone (avec un surveillant).
TestWe :
• Surveillance assurée par des personnels de l’établissement : 15 €/étudiant par trimestre sur la base d’un forfait d’une dizaine de contrôles.
• Surveillance assurée par le prestataire : 17 € par étudiant et par examen.
Envisager des solutions multiples et adaptées
donner un éventail de propositions différentes
« En termes d’examens à distance, avoir recours à une seule option n’est pas la solution. Aucun outil à lui seul n’est fait pour tenir la charge de tous les examens qui pourraient être surveillés à distance ! Notre message, c’est de donner un éventail de propositions différentes ».
Les alternatives à la télésurveillance
• Les quizz
• Les oraux
• Les visioconférences
• Les DM (devoir maison) en temps limité, déposés sur l’ENT (Espace numérique de travail). Le sujet est donné à une certaine heure et pour un temps donné, et le candidat doit déposer son épreuve sur l’ENT. Il peut avoir accès à tous les documents. Ce type d’épreuve amène non pas uniquement à revoir la surveillance, mais aussi le type de sujet, pour circonscrire les risques de fraudes.