Une campagne sur les campus pour développer la culture du consentement
Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante
Début octobre, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau annonçait le doublement du budget consacré à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Dans ce cadre, le déploiement d’une campagne nationale de communication vise à « créer une culture commune autour du consentement ». Récit sur sa création, avec l’association Sexe & Consentement.
La lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) est encore hétérogène dans les établissements d’enseignement supérieur. Et ce, malgré le lancement d’un plan pluriannuel dédié par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) en octobre 2021.
Désormais, le sup’ met littéralement les bouchées doubles : sa ministre, Sylvie Retailleau a annoncé un renforcement des moyens alloués le 10 octobre 2022. Dès 2023, le budget sera doublé, passant de 1,7 à 3,5 millions d’euros annuels. « Il s’agit aujourd’hui d’aller plus loin et de renforcer encore les mesures pour ne rien laisser passer », s’engage le ministère de l’ESR qui liste les objectifs atteints et les initiatives à venir.
Un engagement qui se matérialise par une campagne nationale de communication, réalisée par l’association Sexe & Consentement.
Déployer « une culture commune autour du consentement »
« Sans oui, c’est interdit » : le message de la campagne est clair. Déployée dans les établissements d’enseignement supérieur et sur les réseaux sociaux, elle vise notamment à faciliter les échanges autour de la notion de consentement, mais aussi à « interpeller, questionner et sensibiliser ».
« Cette nouvelle campagne avec le ministère de l’ESR va permettre de rendre visible la notion de consentement au cœur d’un espace public et partagé qu’est l’université. C’est un pas de plus pour rappeler l’importance du consentement explicite dans les relations affectives, car informer, c’est aussi prévenir », explique Ella Hamonic, co-fondatrice de Sexe & Consentement.
En pratique
La campagne nationale de lutte contre les VSS est mise à disposition de tous les établissements d’enseignement supérieur, publics comme privés.
Elle se présente sous deux formats :
- Un kit de communication dématérialisé composé d’un jeu d’affiches et de déclinaisons de supports adaptés pour les réseaux sociaux ;
- Une opération spéciale en partenariat avec Konbini, construite avec l’association Sexe & Consentement : diffusée, par étapes, sur les réseaux sociaux et sur le site du média Konbini ainsi que sur ceux du ministère dans le courant du mois d’octobre, elle est composée de deux vidéos (conseils et témoignages) et d’un quizz Instagram.
Le travail de réflexion par l’association Sexe & consentement
L’association Sexe & consentement est un collectif interdisciplinaire constitué de psychologues, sexologues, spécialistes de l’égalité homme-femme et d’artistes. Dès l’annonce de la création d’une campagne de sensibilisation, dans le cadre du plan de lutte contre les VSS, il y a un an, l’association a interpellé le ministère.
« Nous avions présenté une campagne clé en main au MESR qui nous a finalement proposé d’en construire une ensemble, retrace Ella Hamonic. Nos recommandations au niveau des visuels ont été de choisir des représentations inclusives, de couples dans des moments de relation qui peuvent être ambigus. »
Sur le message, l’association a d’abord souhaité communiquer de manière positive sur le consentement, « mais nous nous sommes finalement dit qu’il était trop tôt pour avoir une campagne exclusivement positive, nous avons donc choisi un message fort, qui serait plus percutant sur les campus », rapporte celle qui est par ailleurs consultante éducation et numérique pour l’enseignement supérieur.
C’est ainsi qu’a été choisi « Sans oui, c’est interdit », un message accompagné d’un texte soulignant l’importance d’un consentement explicite. De son côté, la direction de la communication du MESR est à l’origine d’un encadré de rappel de la loi.
Aller plus loin
Une première étape : c’est ainsi que l’association voit la campagne de communication nationale sur le consentement. « Ce projet nous a permis de passer à une autre échelle en termes de visibilité du sujet », apprécie Ella Hamonic.
Désormais, il s’agit d’aller plus au loin, jusque dans la loi. En effet, Sexe & consentement milite depuis son lancement en 2019 pour que des mentions légales référant au consentement soient inscrites sur les articles de santé sexuelle, les publicités en lien avec ce sujet ou encore les applications de rencontre. « Nous allons continuer à pousser cette initiative, pour laquelle nous avions créé une pétition qui compte 18 000 signatures, auprès des politiques. »
Les autres casquettes de Sexe & consentement
L’association Sexe et Consentement organise et anime des formations à la demande des établissements d’enseignement supérieur, notamment Sciences Po Lille, le campus Condorcet, l’Université Paris 8… Elle conçoit des ateliers sur des thématiques telles que le rôle de témoin actif ou de l’enseignant. Elle effectue également des performances, notamment une pièce de théâtre suivie d’un débat.
Sexe & Consentement propose par ailleurs son expertise. Dans ce cadre, elle a été consultée par l’Igésr (Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche), en mai 2021, dans le cadre de l’audit des instituts d’études politiques à la suite de violences sexuelles sur les campus. Et avait formulé 12 propositions pour lutter contre les VSS dans l’ESR.