Vie des campus

La nouvelle vie des restaurants universitaires

Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante

Depuis le début crise sanitaire, les restaurants universitaires font partie de ces services de premier plan qui participent à lutter contre la précarisation des étudiants en proposant des repas équilibrés et peu chers.

En plus de cela, certains d’entre eux, équipés d’espaces de travail, sont restés accessibles alors que le tout distanciel était de mise. Reportage de Campus Matin à l’Université de Paris.

Le (S)pace Olympe de Gouges se situe dans le 13e à Paris. - © Crous de Paris
Le (S)pace Olympe de Gouges se situe dans le 13e à Paris. - © Crous de Paris

Lorsque nous arrivons à la cafétéria du campus Grand Moulin de l'Université de Paris - qui remplace le restaurant universitaire moins adapté dans la distribution de repas à emporter -, il est près de 14h et la file d’étudiants se poursuit toujours jusqu’en dehors du bâtiment. « A l’heure de pointe, elle s’étendait jusqu’au milieu de la cour », témoigne un agent. Aujourd’hui, plus de 500 étudiants sont venus retirer un ou deux repas.

Alors que l’heure de fermeture est atteinte, Sylvie Van Ceunebroeck, responsable du restaurant Halle aux farines au Crous de Paris, est toujours en train de prendre les commandes. À l’intérieur du bâtiment, la queue se divise en quatre points où les agents de la cafétéria universitaire s’activent.

Un flux d’étudiants qui explose avec l’annonce des repas à 1€

Avec la crise sanitaire, le fonctionnement des restaurants universitaires a été bouleversé, mais n’en a pas moins été primordial. En effet, le 30 octobre 2020, dans une série de mesures pour lutter contre la précarité étudiante, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche annonce la distribution de repas à 1€ pour les boursiers. Mesure qui, le 21 janvier dernier, est étendue par Emmanuel Macron, en déplacement à Saclay, à l’ensemble des étudiants et pour deux repas par jour.

« On s’est inquiétés quand nous avons appris cela. Nous avons eu connaissance de l’application de l’annonce du Président le matin pour le midi ! Les étudiants, eux, étaient au courant : ils sont venus nombreux », raconte Sylvie Van Ceunebroeck.

La cafétéria universitaire doit alors s’adapter, faire venir sur place plus de personnels, ajuster les commandes, etc. La production est doublée. Si le midi de notre reportage, peu d’étudiants repartent avec un repas pour le soir, Sylvie Van Ceunebroeck témoigne que la veille ils étaient 30 à 40 % à acheter un deuxième plat à emporter.

« L’approvisionnement ne suit pas. On est sous l’eau ! », indique Sylvie Van Ceunebroeck qui précise néanmoins que tous les repas ont pu être servis, bien qu’il ait parfois fallu restreindre le choix.

Pour autant, la qualité des repas ne diminue pas : « Même si le prix baisse pour l’étudiant, le coût réel est compensé par une subvention de l’État, nous continuons donc à travailler avec du bio, du local et des labels comme bleu, blanc, cœur pour la viande et MSC pour le poisson ».

Activation du compte Izly pour bénéficier du repas à 1€

« Non seulement je n’ai pas pu bénéficier d’un repas à 1€, mais en plus j’ai dû payer 10 % de plus que le prix habituel ! », s’étonne un étudiant. Les annonces sont pourtant claires à ce propos, tout comme les affichages : pour bénéficier du « ticket U » à 1€, il faut activer son compte Izly - qui est normalement créé après que l’étudiant se soit acquitté de la CVEC en début d’année et qui permet notamment de payer avec la carte étudiante.

Une création de compte qu’il suffit de faire en ligne (consulter la marche à suivre ici) et qui n’oblige pas par la suite à transférer de l’argent sur ce compte : les repas peuvent être réglés en liquide comme en carte bleue.

Quant aux 10 % supplémentaires, il s’agit de la TVA de 10 % qui est appliquée aux non-étudiants - ou étudiants sans justificatifs -, selon la réglementation en vigueur.

500 000 repas en un peu plus d’une semaine

24 000 repas ont été servis dans l’ensemble des RU du Crous Paris, la semaine du 25 janvier, suite à l’annonce des repas à 1€ pour tous. Sur la période du 25 janvier au 3 février, Frédérique Vidal a annoncé que 500 000 repas avaient été emportés par les étudiants dans toute la France.

Reconversion des salles en espace de travail pour les étudiants

Théo Locastro, comme tous les référents des (S)paces, est étudiant - © Marine Dessaux
Théo Locastro, comme tous les référents des (S)paces, est étudiant - © Marine Dessaux

C’est une initiative qui a été prise indépendamment de la crise sanitaire, mais qui tombe à pic : les (S)paces, des espaces de travail au sein des restaurants universitaires, ont ouvert à la rentrée universitaire 2020.

Sur campus Grand Moulin, le (S)pace du restaurant universitaire a été temporairement déplacé au sein de la cafétéria. Depuis mi-décembre, il accueille de 14h à 17h tous les jours, jusqu’à une trentaine d’étudiants à la fois. L’opportunité pour ces derniers de réviser seuls ou en groupe.

« Ce qui plait dans cet espace de travail, c’est le côté plus décontracté : la possibilité de discuter sur un projet de groupe, de boire un café. Contrairement aux BU, ici il n’y a pas besoin de réserver et ce n’est pas bondé », dit Théo Locastro, référent étudiant de ce (S)pace, dont le rôle est de prendre les noms et contacts des personnes de passage et de s’assurer du respect des gestes barrières.

Un constat que confirment les trois étudiants présents, qui apprécient particulièrement la possibilité d’être au chaud entre deux TD ou de prendre une boisson tout en suivant un cours en visio.

« Il y a en moyenne 19 étudiants qui viennent par jour, à des horaires différents. Pendant les vacances, c’était très calme, mais en période de partiels, il y a eu plus d’affluence », rapporte Théo Locastro qui travaille sur place, en parallèle de ses études, depuis mi-décembre. « Ils sont tous étudiants sur ce campus, mais viennent parfois de loin, malgré le fait que certains n’aient pas encore repris les cours. »

Une initiative du Crous et de la ville de Paris

C’est à la demande d’étudiants que le Crous et la Ville de Paris se sont organisés pour fournir de nouveaux espaces de travail pour les révisions, travaux de groupe et échanges conviviaux. Ainsi, une dizaine de cafétérias et RU ont été spécialement aménagés, insonorisés et équipés d’une connexion wifi haut débit et de mobilier adapté et modulable depuis deux ans.

Fermées pendant le deuxième confinement, les salles ont été réouvertes à la mi-décembre et sont animées par un contrat étudiant dont le coût est financé par la CVEC.