Vie des campus

CV et lettres de motivation : l’IA à la rescousse des étudiants

Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante

Stage, alternance, emploi… Un étudiant est amené à envoyer de nombreuses candidatures au cours de sa formation. Pour accompagner la création de CV et de lettres de motivation, des établissements du supérieur font appel à des outils d’IA qui permettent d’accélérer et d’améliorer la rédaction et la personnalisation de ces documents. Un responsable de career center, le fournisseur d’une solution de création de CV avec l’IA et un étudiant expliquent les avantages de cet assistant virtuel.

Kedge collabore avec CV DesignR et PSTB avec Dreamin’ Job. - © Giovanni Cittadini Cesi
Kedge collabore avec CV DesignR et PSTB avec Dreamin’ Job. - © Giovanni Cittadini Cesi

Afin d’accompagner la création de CV et lettres de motivation de leurs étudiants, Paris school of technology and business (PSTB) et Kedge business school ont fait appel à des prestataires qui intègrent l’IA dans leur solution.

Pour sa plateforme Kedge CV, l’école de commerce qui travaillait avec My CV factory a changé de partenaire en 2023 et fait désormais appel à CV DesignR.

PSTB a choisi Dreamin’job, une start-up créée en 2021, qui collabore avec une cinquantaine de campus en France et 15000 étudiants. L’école hybride tech et business, membre du réseau Galileo global education, est bêta-testeuse de l’implantation d’une IA qui permet d’aider l’étudiant « en faisant avec lui, mais pas pour lui », explique Damien Gosseries, CEO de Dreamin’Job.

Il poursuit : « L’étudiant reste en maîtrise de son projet professionnel. Notre objectif est de lui donner les outils pour gérer sa carrière. »

Générer des CV personnalisés grâce à l’IA

L’IA de Dreamin’job est nourrie d’informations remplies par les étudiants, dont un test de personnalité qui propose ensuite des soft skills à mettre en avant. Ce qui lui permet de proposer des CV et lettres de motivation très personnalisées. Les datas sont anonymisées et traitées dans le respect du RGPD.

Avec CV DesignR, Kedge s’est penchée sur la création d’un outil de génération de modèles de CV. L’étudiant doit remplir plusieurs rubriques et peut manipuler les blocs en fonction de ce qu’il souhaite mettre en avant auprès d’un potentiel employeur.

Delphine Conqueret est responsable du career center de Kedge. - © Kedge
Delphine Conqueret est responsable du career center de Kedge. - © Kedge

« Cela fonctionne plutôt bien. Il est possible de partir d’un CV blanc et de laisser l’IA générer un CV avec les compétences attendues selon le domaine d’expertise, rapporte Delphine Conqueret, responsable du career center de Kedge. Évidemment, si l’étudiant veut utiliser le CV tel quel, une alerte s’affiche pour inciter à la personnalisation. Il y a par ailleurs une jauge qui indique à quel pourcentage un CV est complet et ce qu’il faut y ajouter. »

Au-delà de la création de CV, qui peut être faite avec d’autres outils, CV DesignR propose du formuler de première recommandation grâce à l’IA puis d’envoyer une demande de correction plus approfondie au career center de l’établissement.

De nouvelles fonctionnalités qui semblent appréciées des étudiants

Johann Dormieux, qui vient de valider une licence professionnelle administration et sécurité des systèmes et des réseaux et s’apprête à entrer en mastère en cybersécurité et cloud à PSTB, apprécie particulièrement la fonction de suivi des candidatures de Dreamin’Job.

« Je candidate à beaucoup d’alternances et note tout ce à quoi je postule dans un tableau Excel. Mais il est parfois dur s’y retrouver, donc cela m’est arrivé de postuler deux fois à la même offre. La plateforme évite ce genre d’écueil, car il est possible de mettre un commentaire sur chaque application. »

Autre point qui lui a été utile : le job matching qui s’opère avec les offres des entreprises validées par l’établissement. « L’IA propose un panel de métiers qui nous correspondent. À chaque sélection de notre part, les propositions s’affinent ce qui permet de trouver des fiches de poste avec des intitulés qui sortent de ce que je regarde habituellement et où il y a parfois un peu moins de candidatures. »

La plateforme envoie également chaque semaine par mail une sélection des cinq offres les plus adaptées au profil de l’étudiant.

Avec « plus de 2 000  étudiants inscrits sur la plateforme Kedge CV sur 6 000 qui font des stages », l’école est en train de renouveler son partenariat avec CV DesignR, pour au moins une année.

« Nous poursuivons l’expérience, car la formule est appréciée notamment pour sa facilité d’utilisation, sa flexibilité (un étudiant n’a pas besoin d’être sur site pour demander de l’aide) et la place de l’accompagnement humain qui reste important. »

Quelle fourchette de prix ?

Pour CV DesignR, il faut compter « entre 7 et 10 000 € par an selon les fonctionnalités, chiffre Delphine Conqueret. Cela peut coûter plus si la correction des CV est externalisée. »

Y a-t-il un risque d’uniformisation ?

En faisant appel à une intelligence artificielle, le risque est de se retrouver avec des CV et lettres de motivation de plus en plus similaires. Il existe cependant des moyens de contourner cet écueil.

Damien Gosseries est CEO de Dreamin’ job. - © Dreamin’ job
Damien Gosseries est CEO de Dreamin’ job. - © Dreamin’ job

« C’est ce sur quoi nous avons le plus réfléchi. Des start-up qui proposent, avec un simple test de personnalité, de créer des documents il y en a plein, ce qui fait notre différence c’est de passer beaucoup de temps avec des étudiants. Nous proposons d’ailleurs de faire du coaching et des cours autour de la création de CV au sein de l’établissement partenaire », indique Damien Gosseries.

PSTB a choisi de proposer des enseignements par les coachs certifiés Dreamin’Job, en complément de l’accompagnement par les responsables « carrières ».

Delphine Conqueret rappelle que cette problématique n’est pas nouvelle : « C’est un risque qui existait déjà que ce soit sur cette plateforme ou ailleurs. Notamment à cause des applicant tracking systems (ATS) qui font la loi et nécessitent d’utiliser certains éléments de vocabulaire. »

Ainsi, l’IA peut être une aide à la rédaction, mais pas un substitut. D’autant que la rédaction par ces outils doit être retravaillée : « Il faut être vigilant, les formulations restent approximatives. D’ici un an les suggestions devraient être plus personnalisées », prédit-elle.

Un complément des actions du career center

Le career center de Kedge reçoit environ une dizaine de demandes de correction par jour via sa plateforme. Les équipes commentent les CV qu’elles reçoivent. « Cela nous demande à peu près deux heures par jour sur l’année. Il y a des périodes où nous pouvons avoir 20  demandes et d’autres où c’est plutôt calme. »

Les étudiants ont par ailleurs la possibilité de prendre des rendez-vous de 30 minutes en ligne pour une revue du CV plus approfondie. Enfin, une équipe de 50 coachs au sein du career center permet un accompagnement individuel.

Autre possibilité, en bêta-test à partir de la rentrée 2024  : estimer quelle part d’un CV est compatible avec une offre de stage, d’alternance ou d’emploi. « Ce qui permet d’adapter son CV avec les mots clés adaptés », précise Delphine Conqueret.

Du côté de Dreamin’ Job, l’outil d’IA, pour l’instant en phase de bêta-test afin de préparer sa mise à l’échelle, sera ouvert à tous les utilisateurs à partir de septembre 2024. De nouvelles fonctionnalités qui comprennent également la mise à disposition d’un recruteur virtuel.

Pour mettre en avant les possibilités qu’offre l’IA dans la création de CV, la start-up et PSTB organiseront un événement destiné aux alternants, entre le 9 et le 12 septembre.