Vie des campus

Quand les étudiants ne souhaitent pas revenir en présentiel

Par Marine Dessaux | Le | Expérience étudiante

Alors que tous les établissements se mobilisent pour un retour d’une partie des cours en présentiel, les étudiants ne sont pas toujours demandeurs. Ainsi, la moitié des étudiants de l’Université de Bourgogne ne souhaitent pas revenir sur site !

Un chiffre issu d’une enquête interne, qui met en avant la diversité des situations et des envies estudiantines. Campus Matin a voulu en savoir plus.

Sur 17 450 réponses, 8 787 étudiants ont opté pour le « non » - © CPU - Université de Bourgogne
Sur 17 450 réponses, 8 787 étudiants ont opté pour le « non » - © CPU - Université de Bourgogne

Le sondage

Alexandre Fournier, VP campus numérique, a organisé le sondage, demandé par le président de l’université - © D.R.
Alexandre Fournier, VP campus numérique, a organisé le sondage, demandé par le président de l’université - © D.R.

C’est un sondage étudiant qui a battu des records : 24 heures après son lancement, il avait déjà obtenu 12 000 réponses. Au bout des 36 heures imparties pour participer à ce questionnaire Google Forms envoyé via l’adresse mail institutionnelle de l’Université de Bourgogne, 17 450 étudiants s’étaient positionnés (sur un peu plus de 35 000).

L’affirmation à laquelle souscrire, ou pas, était simple : « Je souhaite pouvoir revenir suivre mes cours en présentiel ». Alors que les étudiants et les soutiens universitaires ont été nombreux à plaider pour un retour sur site, il n’aurait pas été surprenant d’obtenir un « oui » écrasant.

Et pourtant il n’en est rien : entre le 28 et le 30 janvier au matin, alors que le retour au présentiel une journée par semaine a été annoncé, 50 % des étudiants de l’Université de Bourgogne ont exprimé leur envie de poursuivre les cours en distanciel. Un chiffre qui s’explique par divers facteurs.

Résultats de l’enquête - © Campus Matin
Résultats de l’enquête - © Campus Matin

Une question simple et un retour massif

Ce qu’exprime en outre ce sondage, c’est l’efficacité de communication via l’adresse institutionnelle. « Nous avons été très surpris d’obtenir autant de réponses, témoigne Alexandre Fournier, vice-président délégué au campus numérique de l’Université de Bourgogne. Nous nous posons souvent la question de comment communiquer le plus efficacement avec les étudiants, nous travaillons notamment à une application mobile et à la possibilité d’y intégrer un push de notification pour les sujets importants. C’est peut-être quelque chose qu’on utilisera, mais ce que nous montre cette étude, c’est que le mail marche bien aussi, quand il sollicite les étudiants sur un sujet qui a un réel intérêt pour eux. »

Les raisons

Elles sont multiples. Le logement joue pour beaucoup, comme le mentionnait notamment Frédérique Vidal devant le Sénat le 10 février dernier, et le confirment nos interlocuteurs.

« Certains étudiants - beaucoup, je crois - ont rendu leur appartement et sont rentrés chez leurs parents, ils ne vont pas en chercher un nouveau pour la fin d’année universitaire », témoigne Léa Clouzot.

Léa Clouzot, VPE de l’Université de Bourgogne - © D.R.
Léa Clouzot, VPE de l’Université de Bourgogne - © D.R.

Il y a également la peur du virus, présente chez certains étudiants qui, pour beaucoup, n’étaient pas retournés sur le campus depuis fin octobre, lors du début du deuxième confinement et du passage au tout distanciel.

« Les étudiants peuvent avoir peur du virus, dans les transports, à l’université. Peur de le contracter pour soi-même ou pour des proches, notamment s’il y a des cas à risque à la maison », ajoute la vice-présidente étudiante.

Par ailleurs, il y a ceux qui « se sentent bien à distance, au chaud, qui peuvent se lever plus tard le matin quand les cours commencent à 8h, qui ne veulent pas perdre de temps dans les transports pour quelques heures de cours sur le campus », selon Léa Clouzot.

Paul Mayaux, président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), évoque également les personnes en détresse psychologique qui ont « une perte de confiance totale en la formation ou en eux-mêmes » et pour qui il est compliqué de se confronter au présentiel.

Une organisation difficile entre présentiel et distanciel

Paul Mayaux, président de la Fage - © D.R.
Paul Mayaux, président de la Fage - © D.R.

Et en pratique, une problématique de taille persiste pour ceux qui souhaitent revenir : « La dichotomie entre cours présentiel et distanciel au sein d’une même journée », rapporte le président de la Fage.

« Il y a eu une hétérogénéité d’organisation au sein des universités. Dans certaines d’entre elles, d’une heure à l’autre, l’étudiant doit passer de présentiel à distanciel alors que les salles pour suivre à distance sont fermées. »

Un emploi du temps impraticable pour les étudiants qui devrait être ajusté pour la fin de la pause pédagogique, estime Paul Mayaux. « Les établissements vont pouvoir proposer un retour à la hauteur. »

Néanmoins, la problématique des espaces de travail fermés n’est pas nouvelle, elle avait été pointée par l’Université de Lille, le 21 janvier dernier. En licence 3 de droit, Léa Clouzot explique de son côté qu’elle ne retournera pas en cours en présentiel :

« Je sais que ce n’est pas le cas des licences 1 qui viennent en demi-groupe une semaine sur deux, mais, dans mon cas, seuls les cours magistraux - qui se déroulent en amphi et peuvent donc accueillir plus d’étudiants - sont proposés en présentiel. Or, ce sont plutôt les TD qui sont plus faciles à suivre en présentiel. »