Fondations du supérieur : un élan de générosité pendant la crise sanitaire
Par Marine Dessaux | Le | Relations extérieures
Alors que la crise percute les étudiants, qui sont nombreux à avoir perdu leur job et à souffrir de la rupture numérique, les fondations des universités et écoles se mobilisent pour leur venir en aide.
Si elles ont dû faire face à des conditions difficiles, la générosité du grand public a été au rendez-vous. Ce dont témoignent Vincent Queudot de la Fondation NIT (Université de Lorraine), Julien Olivier de la Fondation Insa et Céline Dheedene de la Fondation UCA (Université Côte d’Azur).
Leurs équipes en témoignent : la crise sanitaire a été une période intense pour les fondations. « Toutes les fondations des universités ont fait face à une période particulièrement chargée, témoigne Vincent Queudot, secrétaire général de la Fondation NIT, rattachée à l'Université de Lorraine. Nous nous sommes récemment réunis à l’occasion d’un séminaire en visioconférence et nous avons tous eu une activité très dense : de nombreuses campagnes et actions ont été lancées ».
Responsables des actions et projets sociaux en lien avec les universités et écoles, les fondations se sont adaptées pour venir en aide aux étudiants en situation de précarité.
« Un tiers de nos étudiants sont boursiers. La crise sanitaire a renforcé les difficultés avec l’annulation de certains stages, les étudiants étrangers qui n’ont pas pu rentrer chez eux… », expose Julien Olivier, délégué général de la Fondation Insa.
S’adresser au grand public en plus des entreprises
Les entreprises sont habituellement les premières donatrices lors des levées de fonds. Mais elles se sont retrouvées elles aussi durement touchées par la crise. Plusieurs fondations ont ainsi décidé de se tourner vers le grand public.
« Dans la situation économique actuelle, avec notamment des entreprises confrontées à des difficultés et incertitudes majeures, le financement via la communauté constitue une alternative particulièrement intéressante pour mobiliser des fonds au service de projets soutenus par des fondations », indique Julien Olivier.
Des dons qui peuvent provenir des alumni : « Nos anciens étudiants, qui pour la plupart gagnent bien leur vie, ont la possibilité d’aider des personnes qui sont plus en difficulté », note-t-il.
Mais aussi de tout à chacun : en novembre dernier, La Fondation NIT a visé large en passant par les boulangeries. C’est via les sachets des baguettes de pain qu’elle a transmis ses appels aux dons !
« On est sorti de nos communautés pour faire des campagnes sur nos réseaux sociaux mais aussi auprès du grand public. Nous avons eu un grand succès auprès de personnes qui ne connaissaient pas la Fondation », raconte Vincent Queudot.
La campagne a déjà permis de récolter 30 000€ (dont 7 000€ de dons de particuliers). Et elle continue de se poursuivre notamment auprès d’associations qui mènent des collectes auprès de leurs membres.
Un élan de générosité… mais de nombreux projets bloqués
L’appel à la générosité collective a, dans un premier temps, rencontré un grand succès. « On a constaté un élan de générosité pendant le premier confinement pour le soutien social des étudiants. Sur le domaine de la santé, le CHU RU de Nancy a lancé sa propre campagne qui a rencontré un succès important, acquiesce Vincent Queudot. L’élan n’a cependant pas été le même lors de la deuxième phase de confinement ».
Mais la crise a aussi stoppé un bon nombre d’initiatives soutenues par la Fondation UCA. « Avec le confinement, plusieurs de projets ont été annulés. Ça a néanmoins été l’occasion de faire travailler les étudiants sur des événements hybrides, explique Céline Dheedene, responsable administrative de la Fondation UCA (Université Côte d’Azur). Cette situation nous a appris à être agiles ».
Pendant le premier confinement, de nombreux dons pour les étudiants précaires
• La Fondation Université de Strasbourg : a levé 1,36 M€ entre la mi-mars et la mi-mai, rapporte News Tank [abonnés].
• La Fondation Bordeaux Université : a collecté 100 000€ entre avril et septembre 2020 au bénéfice des étudiants, chercheurs et le CHU de Bordeaux, informe-t-elle.
• Le « Collectif de solidarité étudiante Lyon » : a levé 100 000€ pour son épicerie solidaire depuis mars, indique Euronews.
• La Cité internationale universitaire de Paris : a reçu 80 000€ en faisant appel à ses mécènes habituels lors du premier confinement, rapporte le Parisien.
De nouvelles pratiques pour l’avenir
Malgré le chamboulement du déroulement de nombreuses actions, Julien Olivier pense que la crise pourrait avoir un impact positif sur les projets d’aides sociales.
« Le fond social que nous avons mis en place perdurera après cette crise. Nous avions déjà un axe social alimenté par des entreprises et il y en aura maintenant un auprès des particuliers. Il y a toujours des étudiants en difficulté donc nous allons maintenir ces actions à leur bénéfice », explique pour sa part Vincent Queudot.