Mobilité : légère baisse du nombre d’étudiants étrangers accueillis en temps de Covid
Par Isabelle Cormaty | Le | Relations extérieures
Avec 364 756 internationaux accueillis durant l’année 2020-2021, Campus France enregistre une légère baisse du nombre d’étudiants étrangers en France. L’agence analyse aussi dans sa dernière édition des chiffres clés une recomposition du paysage de la mobilité étudiante au niveau mondial. Décryptage.
Moins 1 % d’étudiants étrangers en France entre 2019 et 2020
La France a accueilli 364 756 étudiants internationaux durant l’année universitaire 2020-2021, soit une baisse de 1 % par rapport à l’an passé.
« Après une augmentation continue du nombre d’étudiants étrangers en France (+70 % sur 20 ans), les effectifs ont baissé pour la première fois entre 2019 et 2020, dans le contexte de pandémie. Cette baisse reste particulièrement contenue par rapport à d’autres grands pays d’accueil », indique Campus France.
« La diminution du nombre de visas accordés pour études en 2020 (-17 %) a été résorbée par une augmentation en 2021 (+25 %), augurant un retour massif des étudiants internationaux vers la France », avance optimiste l’agence de promotion de l’enseignement supérieur à l’étranger.
La source : qui a produit ces statistiques ?
Ces données publiées le 23 juin dernier proviennent des chiffres clés de Campus France, un document annuel synthétisant les principales statistiques sur la mobilité étudiante en France et en Europe.
Agence de promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger, Campus France encourage la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs et s’occupe des programmes de bourses. L’établissement public accompagne aussi les établissements du supérieur et les organismes de recherche dans leur stratégie de développement à l’international.
Où sont inscrits ces étudiants étrangers ?
D’après les données de Campus France, les étudiants étrangers sont inscrits :
- pour deux tiers à l’université (66 %) ;
- en écoles de commerce pour 13 % d’entre eux ;
- en écoles d’ingénieurs (8 %) ;
- ou pour une minorité dans les formations supérieures dispensées dans les lycées (5 %).
Ces cinq dernières années, l’agence de promotion de l’ESR à l’étranger observe une augmentation de 18 % en moyenne des effectifs d’étudiants étrangers sur l’ensemble des établissements. Cette hausse est particulièrement marquée dans les écoles de commerce :
« Les effectifs y ont plus que doublé (+113 %) et, aujourd’hui, près d’un étudiant sur cinq y est étranger. Le nombre d’étudiants étrangers en écoles d’ingénieurs a également progressé plus rapidement que la moyenne, avec +22 % en cinq ans. »
D’où viennent ces étudiants ?
Lors de l’année universitaire 2020-2021, près du quart des étudiants étrangers inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur français venaient du Maghreb. Dans le détail, 8 % étaient originaires d’Algérie, 4 % de Tunisie et 12 % du Maroc, premier pays d’origine des étudiants internationaux en France.
Campus France note que « la France peine à attirer en mobilité les étudiants asiatiques en raison de la crise sanitaire. »
La France, 7e pays d’accueil au niveau mondial en 2019
D’après les dernières données de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), la France « est la destination de plus de 246 000 étudiants en mobilité diplômante, soit 4 % des quelque 6,1 millions d’étudiants internationaux dénombrés ». Des chiffres qui datent de 2019, c’est-à-dire avant la pandémie de Covid dont on ne peut pas encore mesurer les effets.
Reste qu’en 2019, la France était le septième pays d’accueil des étudiants étrangers. Elle perd une place par rapport à l’année précédente. En tête de classement figurent les États-Unis (1er), l’Australie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie puis le Canada.
« La pandémie mondiale a fortement affecté les mobilités étudiantes. Les statistiques de l’Unesco, datées de 2019, ne permettent pas encore de mesurer cet impact », précise Campus France. À cela s’ajoutent deux crises majeures survenues ces deux dernières années : le Brexit et la guerre en Ukraine. Les conséquences de ces événements seront abordées dans la prochaine édition des chiffres clés de Campus France.
Une recomposition en cours du paysage de la mobilité étudiante
L’agence de promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger avance toutefois quelques hypothèses permettant d’appréhender les conséquences de ces différentes crises : « La guerre en Ukraine pourrait avoir un impact sur la place de la Russie, qui figurait en 2019 au 5e rang des pays d’accueil, mais aussi peser sur les flux d’étudiants du continent africain, présents en nombre sur le territoire ukrainien avant la guerre. »
« Le Brexit a provoqué une hausse des frais d’inscription au Royaume-Uni pour les étudiants communautaires, qui se détournent du pays, ce qui serait provisoirement compensé par un nombre plus important d’étudiants asiatiques dans le pays. La France, désireuse d’attirer des étudiants européens a lancé en 2022 un nouveau programme de bourses, baptisé Excellence Europa », explique Campus France.
Concernant la crise sanitaire, « l’isolement durable du premier pays d’origine, la Chine, va constituer un phénomène décisif notamment pour les pays dépendant le plus de cette mobilité, comme l’Australie. La fermeture de l’Australie durant la pandémie pourrait aussi affecter la montée en puissance du pays, passé 2e au niveau mondial avant la pandémie », conclut l’organisme.