Vie des campus

« Oui, il est possible de réinventer les codes » : l’interview décalée de Judith Azéma

Par Marine Dessaux | Le | Relations extérieures

Si elle était un établissement, ce serait Sciences Po où elle a découvert le journalisme puis la communication. Une technologie ? Un poste analogique de radio. Pour le dernier épisode de notre série d’interviews décalées estivales, la parole est à Judith Azéma, directrice de la communication de l’agence de promotion du sup’ français à l’étranger, Campus France.

Judith Azéma est directrice de la communication de Campus France - © D.R.
Judith Azéma est directrice de la communication de Campus France - © D.R.

Judith Azéma répond à notre questionnaire d’été et se livre sur ce qui l’inspire, ses coups de coeur et indignations.

Aujourd’hui directrice de la communication à Campus France, elle est passée par le journalisme et un poste de directrice du développement et des relations internationales d’une école de management à Dakar, avant de devenir directrice éditoriale et marque pour Sciences Po Paris.

Une personnalité qui vous inspire ? 

Judith Azéma : Rien à voir avec l’enseignement supérieur et la recherche, mais je suis très impressionnée par Alexandria Ocasio-Cortez - la représentante démocrate de l’état de New York aux États-Unis. D’abord pour sa capacité à s’emparer des plateformes d’aujourd’hui avec un talent et un impact à mon sens inégalé dans le monde politique. Il faut la voir transformer un tuto beauté de Vogue en un manifeste pour l’empowerment féminin en politique !

Cette femme-là connaît l’art de la rhétorique et sait s’en servir. Au-delà de la forme, c’est important pour la vie démocratique elle-même : oui, il est possible de réinventer les codes pour faire porter une voix jeune et féminine auprès du plus grand nombre. En ce sens, “AOC” m’enthousiasme et me rassure.

Si vous étiez un établissement, vous seriez  ?

« J’ai découvert à Sciences Po le goût du journalisme » - © Martin Argyroglo/Sciences Po
« J’ai découvert à Sciences Po le goût du journalisme » - © Martin Argyroglo/Sciences Po

A l’évidence, Sciences Po ! Cet endroit m’a accompagnée dans des moments de vie très importants. En tant qu’étudiante, j’y ai découvert le goût du journalisme, mais plus largement, celui du débat, du mot juste, des liens entre les idées.

En tant que salariée, plusieurs années après, j’y ai appris le métier de communicante, que je ne quitterai aujourd’hui pour rien au monde. J’ai mis du temps - dix ans ! - à en partir, mais j’attendais de trouver un endroit au moins aussi intéressant, et c’est chose faite à Campus France, un endroit fantastique pour mon premier job de dircom !

Si vous étiez une technologie ?

Je vais avoir l’air old school  : un poste de radio. Analogique, avec l’antenne et tout. Je suis folle de radio, j’en ai une dans chaque pièce de ma maison, j’ai grandi avec ce fond sonore et aujourd’hui je ne peux pas vivre sans ! Mon dream job - à part celui que je fais - aurait été réalisatrice de documentaire audio…

Un mot, une expression que vous ne voulez plus entendre ?

Je déteste entendre “c’est que de la com/c’est de la com”. C’est très péjoratif et méprisant pour notre métier. En vérité, dans ces cas-là on devrait dire “c’est de la mauvaise com”. La communication, c’est comme le maquillage, Photoshop ou la chirurgie esthétique : c’est réussi quand ça ne se voit pas. Et pour y arriver, il faut beaucoup de travail et de réflexion. C’est pour ça que vous n’entendrez hélas jamais personne s’exclamer “c’est de la bonne com !”.

La phrase que vous vous répétez devant votre miroir  ?

“Demain je me couche plus tôt !”

Une lecture ou un visionnage ou une écoute à conseiller ?

Writing without bullshit, ou en français « Ecrire sans foutaises » - © Harper business
Writing without bullshit, ou en français « Ecrire sans foutaises » - © Harper business

Pour tous les communicants, mais aussi les managers, et en fait toute personne amenée à rédiger des emails dans sa journée : lisez le blog Without Bullshit de Josh Bernof et/ou son livre Writing Without Bullshit. Je crois que le titre est suffisamment explicite ? J’adorerais que ce livre existe en français. En antidote à ce phénomène hélas universel du bulls**t, on peut relire un peu de Flaubert de temps en temps. 

Un podcast ?

Je conseille Cerno, l’anti-enquête de Julien Cernobori - sauf si vous avez décidé de vous coucher plus tôt (il approche du 100e épisode). C’est l’histoire d’un journaliste qui part sur les traces de deux des plus grands tueurs en série français. Il mène l’enquête dans Paris sur cette histoire tombée dans l’oubli, avec mille détours et une galerie de personnages extraordinaires. Julien Cernobori a l’art de susciter suffisamment de confiance pour demander à un ou une parfaite inconnue “C’est quoi pour vous, la vie ?”. Je trouve ça incroyable.

Le parcours de Judith Azéma

Diplômée de Sciences Po Paris en 2002 et de l’Institut pratique de journalisme Dauphine-PSL en 2004, Judith Azema évolue dans le secteur de l’enseignement supérieur depuis une quinzaine d’années, en France et à l’international.

Après avoir travaillé à Dakar au Sénégal en tant que directrice du développement et des relations internationales de l’école de commerce BEM Dakar (groupe Kedge), elle rejoint Sciences Po en 2011 où elle exerce des fonctions en levée de fonds puis en communication institutionnelle. De 2018 à 2021, elle est directrice éditoriale et marque au sein de la direction de la communication toujours au sein de l’institut d’études politiques. Elle arrive à Campus France en septembre 2021, où elle travaille comme directrice de la communication.