Quand les universités et leurs labos chassent la Covid-19
Par Marine Dessaux | Le | Relations extérieures
À l’Université de Reims et l’Université Grenoble-Alpes, personnels de recherche, pour le premier, mais aussi étudiants en faculté de médecine pour le second, ont participé à la lutte contre la Covid-19 sur un sujet primordial : le dépistage.
Pour répondre à l’urgence, des centres de prélèvements et laboratoires d’analyses se sont improvisés puis ont amélioré leur équipement, la formation de leurs équipes et sont ainsi montés en puissance.
Campus Matin leur a rendu visite.
A l’Université de Reims, des analyses PCR…
Laboratoire de virologie médicale et moléculaire de l’Université Champagne-Ardenne, CardioVir s’est reconverti en laboratoire à visée diagnostique, sur demande du préfet, pour combler les besoins de la région Champagne-Ardenne. Une décision qui ne doit rien au hasard : le laboratoire de 19 personnes est spécialisé sur les entérovirus et faisait déjà des tests PCR.
« Au départ, cela devait être très temporaire, on était partis pour seulement quelques mois », raconte Marie Glenet, ingénieure de recherche, doctorante au début du projet et qui s’est chargée de sa mise en place.
CardioVir vient ainsi en renfort du CHU et de deux laboratoires privés… et s’est engagé à fournir ses analyses sous 24 heures. Six personnels de recherche, post-docs, doctorants et chercheurs volontaires participent aux analyses.
Au début, au mois de mai dernier, c’est 60 tests PCR par jour sur lesquels pouvaient se pencher les bénévoles, membres de CardioVir mais aussi d’autres laboratoires, de médecine et d’autres domaines scientifiques où le test PCR est une pratique familière.
« Le matériel médical a été rapatrié de plusieurs départements de l’université », explique Laurent Andreoletti, directeur de CardioVir et enseignant-chercheur (PU-PH) en virologie. En seulement trois semaines, grâce à du nouveau matériel et une main d’œuvre motivée, 600 tests ont pu être analysés chaque jour.
Un objectif de 1500 tests par jour
Dans les faits, environ 180 tests sont traités le matin et transmis le midi et 500 l’après-midi pour un rendu à 18h30.
« Aujourd’hui, nous visons les 1 500 tests par jour en novembre/décembre contre un premier objectif de 300 ! », ajoute Marie Glenet
250 000€ ont été investis afin de financer de nouvelles machines qui permettent de traiter plus de tests plus rapidement. « On tend à automatiser beaucoup d’étapes, affirme Laurent Andreoletti. Le protocole PCR a été déterminé à partir des machines, il s’agit d’une méthode validée par le CNR Pasteur à Paris . »
Pour autant la charge de travail ne diminue pas pour l’équipe de volontaires. « Le travail sera différent, la phase de désactivation du virus qui reste toujours manuelle prendra plus de temps, tout comme la partie d’étiquetage qui permet de garantir l’anonymat du patient et surtout l’analyse des résultats qui est un diagnostic médical et qui ne peut pas être déléguée », explique Marie Glenet.
Des volontaires indispensables
« Les volontaires prennent sur leur temps de travail, ils n’ont pas d’heures fixes et viennent parfois le samedi », souligne Marie Glenet. Ces mains supplémentaires se sont engagées en nombre pendant le confinement.
« Ce qui est difficile, c’est de mobiliser les gens sur le long terme », note la responsable d’équipe, qui estime qu’elle aura besoin d’une quinzaine de volontaires pour atteindre l’objectif fixé.
Priorité à l’urgence sanitaire
Avec un tel déploiement dédié à la Covid-19, difficile de trouver du temps pour la recherche. « On essaie de faire de la recherche en même temps, en théorie il doit y avoir deux à trois journées réservées à nos travaux mais dans les faits, il est très difficile de se dégager du temps », remarque Marie Glenet.
Néanmoins, ce travail de longue haleine devrait pouvoir irriguer de nouveaux travaux de recherche. « Nous sommes en train de voir comment nous pourrions travailler là-dessus », confirme Laurent Andreoletti.
Un projet de recherche sur une molécule potentiellement anti-Covid
Outre les projets d’analyse, l’Institut de chimie moléculaire de Reims (ICMR) porte le projet HT-Covid visant à « identifier grâce au screening virtuel massif ultra large et à très haut débit, des molécules susceptibles d’inhiber le virus SARS CoV-2 ».
Une étude menée par le professeur Jean-Hugues Renault, directeur de l’UMR ICMR (CNRS/Urca), qui a été déposée fin mars et retenue par l’Agence nationale pour la recherche.
« Les données produites par le projet HT-Covid pourront être en accès libre », indique l’Urca dans un communiqué.
… Mais aussi des tests sérologiques
« Nous avons répondu à un appel du préfet de la Marne afin d’être en support sur le soin et en renfort sur l’aspect diagnostique d’une part en organisant des tests PCR mais aussi des tests sérologiques », expose Bach-Nga Pham, doyenne de l’UFR de médecine de l’Urca.
Ces derniers ont commencé à être effectués sur la base du volontariat et uniquement sur les personnels de l’université. « Cela concerne plus de 2 000 personnes », indique Bach-Nga Pham.
La première session de tests sérologiques a été bien accueillie par le personnel : les 50 places disponibles ont été prises en quelques heures.
À l’UGA, un centre de prélèvement qui implique les étudiants
En amont de la rentrée, dès le 7 septembre, le CHU Grenoble-Alpes a ouvert un centre de prélèvement délocalisé visant à tester les personnels et étudiants de l’Université Grenoble Alpes (UGA).
Au cœur du campus, jusqu’à 1300 personnes par semaine bénéficient du dépistage à la Covid-19. Une initiative qui implique les étudiants en santé, préalablement formés par le CHU Grenoble-Alpes.
Le CHU-UGA effectue, malgré le reconfinement :
- des tests PCR pour les étudiants et personnels symptomatiques ou cas contact avérés par la CPAM ;
- des test antigéniques, toujours pour les usagers du campus, mais asymptomatiques et cas non-contact ;
- et, depuis récemment, des test PCR pour tous patients symptomatiques munis d’une ordonnance de moins de 4 jours.
Les prélèvements effectués sont ensuite acheminés, deux fois par jour, vers le site d’analyse du CHUGA. Les résultats sont attendus dans les 24 à 72h. Les prises de rendez-vous se font en ligne et tous les résultats sont communiqués uniquement via un compte MyCHUGA.