Le carnet de Campus Matin : les cinq nominations à retenir en septembre 2024
Par Isabelle Cormaty | Le | Stratégies
Un diplomate à la direction de Sciences Po Paris après plusieurs mois de flottement, une professeure en didactique des langues à la tête du Certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur, un ancien cadre du CNRS et une proche du nouveau ministre de l’ESR, Patrick Hetzel, à la direction de son cabinet… Autant de prises de fonctions décryptées dans votre rendez-vous mensuel.
Luis Vassy, Annick Rivens Mompean, Jean-Luc Moullet, Sandrine Javelaud et Valentina Redondo : ces personnalités ont été appelées à de nouvelles fonctions dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et de la recherche en septembre 2024. Découvrez leur parcours et leurs nouvelles missions !
1. Luis Vassy, directeur de Sciences Po
Après plusieurs mois de recherche, d’études des dossiers et d’audition des candidats, le diplomate Luis Vassy est nommé directeur de Sciences Po Paris et désigné administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques pour une durée de cinq ans, par un décret et un arrêté du 28 septembre 2024.
Il a été préféré à Arancha González Laya, la doyenne de l’École des affaires internationales de Sciences Po, et Rostane Mehdi, directeur de Sciences Po Aix. Luis Vassy succède à Mathias Vicherat qui avait démissionné en avril 2024, après son renvoi avec sa femme devant le tribunal correctionnel pour violences conjugales. Jean Bassères assurait l’administration provisoire de l’institut depuis.
Un diplomate habitué des cabinets
Diplômé de l’ENS Cachan (aujourd’hui ENS Paris Saclay), de Sciences Po Paris et énarque, Luis Vassy a notamment été ambassadeur de France aux Pays-Bas de 2019 à 2022.
Il a effectué l’essentiel de sa carrière dans des ministères, comme conseiller ou à la direction de cabinet aux ministères de la Défense et de l’Europe et des affaires étrangères. Jusqu’à la démission du Gouvernement Attal en juillet 2024, Luis Vassy était ainsi directeur de cabinet de Stéphane Séjourné au Quai d’Orsay.
Son objectif : faire de l’IEP « une université de sciences humaines et sociales de premier rang »
Après la démission en 2021 de Frédéric Mion dans le cadre de l’affaire Olivier Duhamel et celle de Mathias Vicherat au printemps 2024, Luis Vassy aura pour mission de redorer l’image de la direction de l’établissement, écornée ces dernières années par plusieurs affaires judiciaires.
Dans le programme qui accompagnait sa candidature, Luis Vassy se disait favorable à la création d’un conseil de prospective, « associant enseignants et chercheurs universitaires français et étrangers, ainsi que des responsables de centres de recherches d’entreprises privées ».
Sur le positionnement de l’institut d’études politiques (IEP), il souhaite faire de Sciences Po « à la fois une école pratique, une université de sciences humaines et sociales de premier rang, et un établissement au rayonnement international ». Il préconise l’organisation de « conventions de la communauté de Sciences Po » sur des sujets « clivants » : la hausse des crédits pour les projets de recherche ou encore la mise en place d’un fonds de dotation.
Concernant l’international enfin, il veut renforcer la place de l’Europe, via l’université européenne Civica, donner plus de place aux démocraties non occidentales dans la politique de partenariats internationaux (Inde, Brésil, Taiwan, Japon, Singapour en particulier) et refonder les rapports avec les États-Unis.
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2. Jean-Luc Moullet et Sandrine Javelaud au cabinet du nouveau ministre de l’ESR
Nommé le 21 septembre ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, l’ancien député Les Républicains, Patrick Hetzel, a dans les jours suivants composé son cabinet, dirigé par Jean-Luc Moullet et Sandrine Javelaud, son adjointe. Ils étaient respectivement directeur général délégué à l’innovation du CNRS et directrice de la communication de la ville de Limoges.
Jean-Luc Moullet, ancien monsieur innovation du CNRS
Polytechnicien et ingénieur du Corps de mines, Jean-Luc Moullet débute sa carrière en 1992 dans un fonds d’investissement. Après un passage par la fonction publique, il occupe diverses fonctions au sein du groupe Thomson-Technicolor durant dix ans. En 2009, il devient directeur général d’une PME familiale dans l’informatique de santé.
Il est nommé conseiller sur les affaires industrielles au cabinet du ministre de la défense en 2010 et intègre, deux ans plus tard, les services du Premier ministre en tant que directeur du programme « Industrie » au Secrétariat général pour l’investissement. En 2024, Jean-Luc Moullet a été candidat malheureux à la présidence de l’Agence nationale de la recherche face à Claire Giry, qui lui a été préférée.
Sandrine Javelaud, l’ombre de Patrick Hetzel
Diplômée en droit privé de l’Université de Limoges et enseignante certifiée, Sandrine Javelaud a notamment piloté un centre de formation d’apprentis dans le secteur industriel. De 2005 à 2012, elle travaille plusieurs fois aux côtés de Patrick Hetzel.
Elle est directrice de la communication de l’académie de Limoges lorsqu’il en est recteur, puis chargée de mission au cabinet du Premier ministre François Fillon lorsque Patrick Hetzel est conseiller pour l’éducation nationale, l’enseignement supérieur et la recherche. Elle est sa directrice de cabinet quand il devient directeur général de l’enseignement supérieur au ministère, puis directeur général de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle.
Après un passage de six ans au Medef comme directrice de mission éducation et enseignement supérieur, Sandrine Javelaud rejoint la ville de Limoges, au cabinet du maire puis à la direction de la communication.
Leur défi : négocier avec Bercy et Matignon
Une première mission de taille attend la garde rapprochée de Patrick Hetzel : la négociation sur le budget 2025 du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche avec Bercy et Matignon.
Comme l’an dernier, la communauté de l’ESR redoute des coupes budgétaires pour les universités et les organismes de recherche, alors que le Premier ministre Michel Barnier souhaite réaliser 40 milliards d’euros d’économies sur le budget de l’État par rapport à 2024.
Le cabinet devra aussi rassurer la communauté universitaire, dont une partie s’inquiète du positionnement libéral et conservateur du nouveau ministre issu des Républicains (lire son portrait).
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3. Annick Rivens Mompean, directrice de la coordination nationale du Cles
Annick Rivens Mompean est nommée au 1er septembre directrice de la coordination nationale du Cles, le certificat de compétences en langues de l’enseignement supérieur. Elle succède à Marie-Hélène Fries, qui a fait valoir ses droits à la retraite.
Une enseignante d’anglais à l’Université de Lille
Agrégée d’anglais et docteure, Annick Rivens Mompean enseigne dans des centres de langue et des universités de plusieurs pays (Brésil, Suisse, Angleterre) avant de devenir professeure des universités en didactique des langues à l’Université de Lille.
Au sein de l’établissement, elle a diverses expériences en montage de projets, en tant que chargée de mission innovation pédagogique puis politique des langues ou encore directrice pendant cinq ans du centre des langues de l’Université de Lille. De 2012 à novembre 2021, elle préside le rassemblement national des centres de langues de l’enseignement supérieur (Ranacles).
Poursuivre le développement de la certification Cles
En tant que directrice de la coordination nationale, Annick Rivens Mompean présidera le comité de pilotage de la certification Cles et continuera à suivre la mission Cles numérique, qui a pour objectif d’augmenter le nombre de candidats dans les établissements du supérieur en utilisant la plateforme Moodle.
Certification d’État régie par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, le Cles permet aux étudiants d’attester leur niveau dans dix langues et dans trois niveaux différents (B1, B2 et C1). Une onzième langue, le chinois doit être proposé prochainement.
Parmi les autres chantiers du Cles figurent aussi : le développement de l’offre en formation continue, l’amélioration des conditions de passation pour les étudiants à besoins spécifiques, la valorisation de l’engagement des enseignants pour le Cles, ou encore la simplification administrative.
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4. Valentina Redondo, responsable communauté d’EdTech France
Valentina Redondo rejoint l’association EdTech France comme responsable communauté, annonce-t-elle sur Linkedln le 2 septembre. Il s’agit d’une création de poste.
Une connaisseuse de l’écosystème edtech
De nationalité vénézuélienne, Valentina Redondo obtient une licence de droit européen à l’Université catholique de Lille et un master en management de la marque et communication à l’IAE Paris.
Elle commence sa carrière comme responsable marketing du salon Virtuality Paris, puis dans différentes start-up de la tech. De septembre 2021 à août 2023, elle effectue un volontariat international en entreprise (VIE) financé par Business France dans le cadre du plan de relance. Basée à l’ambassade française de Mexico, elle est alors chargée de mission edtech en Amérique latine comme le racontait Campus Matin.
Répondre aux besoins des entreprises adhérentes
Valentina Redondo est la troisième permanente de l’association représentative des entreprises spécialisées dans les technologies pour l’éducation. Elle rejoint l’équipe composée d’Orianne Ledroit et Joffrey Renaux, respectivement, déléguée générale et responsable projets et partenariats d’EdTech France.
Alors qu’un nouveau conseil d’administration sera élu le 16 octobre pour deux ans, la nouvelle responsable communauté aura pour mission l’animation de la communauté d’adhérents et l’organisation de la participation de la filière aux différents salons edtechs en France et à l’étranger : Educatech Expo qui aura lieu du 13 au 15 novembre, le salon de l’expérience étudiante du 19 au 20 novembre, le Bett Show à Londres du 22 au 24 janvier 2025, le Learning Technologies le 29 et 30 janvier…
« Nous comptons 420 adhérents positionnés sur tous les quatre secteurs de la edtech et avec des niveaux de maturité très différents. Nous souhaitons grâce à elle renforcer notre capacité à mieux répondre aux besoins très hétérogènes de nos adhérents », précise EdTech France.
Valentina Redondo « apporte enfin son expertise spécifique en matière de soutien à l’export et à la promotion de nos entreprises à l’international, notamment la connaissance des marchés latino-américains et des organismes français comme Business France ».
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