Prime Covid pour les personnels de l’ESR : quel bilan un an après le premier confinement ?
Par Isabelle Cormaty | Le | Personnels et statuts
Quel est le bilan de la prime Covid versée aux personnels de l’ESR ? Montants, nombre de bénéficiaires, critères et procédures d’attribution… Campus Matin vous détaille les principales informations concernant l’attribution de cette prime exceptionnelle créée pour récompenser l’investissement des personnels pendant le premier confinement.
C’était une demande forte des syndicats depuis quelques mois. Lors du Comité technique ministériel de l’enseignement supérieur et de la recherche (CT Mesri) du 1er juin dernier, le ministère leur a présenté les données détaillées des bénéficiaires de la prime Covid dans le supérieur et la recherche. L’occasion de revenir sur cette prime exceptionnelle et ses modalités d’attribution !
Combien de personnes ont touché la prime ?
« Seule une minorité des personnels a touché cette prime », regrette Nathalie Frayon, secrétaire nationale du SNPTES et membre du service des bibliothèques de l’Université de Strasbourg. En tout, 18 884 personnes ont bénéficié de cette prime exceptionnelle. Mais de fortes disparités demeurent en fonction des statuts.
Parmi les catégories de personnels qui ont le plus touché la prime figurent :
- les Biatss avec 10 714 bénéficiaires, dont 64,2 % de femmes. La répartition par catégorie s’effectue de la manière suivante : 38,6 % de bénéficiaires de catégorie A, 30,5 % de catégorie B, et 30,8 % de catégorie C ;
- les personnels non titulaires avec 5 257 bénéficiaires, dont 64,7 % de femmes ;
- les enseignants-chercheurs avec 3 597 bénéficiaires, dont 42,5 % de femmes.
« Nous avons beaucoup travaillé pour que la crise ne soit pas un motif de fin de contrat pour les non-titulaires et qu’ils ne soient pas exclus de la prime Covid. Il n’y a pas eu d’exclusion en fonction du statut, mais il y a pu avoir des restrictions selon les corps de métiers », analyse Élisabeth Sioudan-Devailly, secrétaire fédérale du SGEN-CFDT et ingénieure d’études à Université de Paris.
Malgré la publication de ces chiffres, les syndicats regrettent l’absence d’information publique sur la répartition de la prime par fonction exercée par les bénéficiaires. Aucun établissement n’a d’ailleurs publié la liste des bénéficiaires, selon les représentants du personnel qui pointent un manque de transparence et jugent l’analyse nationale difficile.
À combien s’élève la prime ?
9,25 millions d’euros ont été versés au titre de la prime Covid dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche en 2020 sur les 12 millions débloqués par une enveloppe gouvernementale en juin dernier.
Un montant variable
« Le montant de la prime est déterminé par le chef de service ou l’organe dirigeant ayant autorité sur les personnels », indique le décret créant la prime. Il est modulable en fonction notamment de la durée de la mobilisation des agents avec trois paliers :
- taux n° 1 : 330 € ;
- taux n° 2 : 660 € ;
- taux n° 3 : 1 000 €.
« En fonction de leur solidité budgétaire, certains établissements du supérieur ont fait le choix d’abonder ces sommes pour permettre à plus de personnels de toucher la prime », souligne la secrétaire nationale du SNPTES.
Le montant moyen de la prime Covid s’élève à 490€, avec là encore de fortes disparités. Ainsi, 59,5 % des enseignants-chercheurs ont touché une prime dont le montant est compris entre 660 € et 1 000 €. En revanche, 67,5 % des Biatss et 60,9 % des non-titulaires ont reçu une prime inférieure ou égale à 330 €.
Quelles conditions pour toucher cette prime ?
Une prime individuelle
La prime Covid récompense l’investissement des personnels pendant le confinement du printemps 2020. Elle s’adresse aux « personnels pour lesquels l’exercice des fonctions a, en raison des sujétions exceptionnelles auxquelles ils ont été soumis pour assurer la continuité du fonctionnement des services, conduit à un surcroît significatif de travail, en présentiel ou en télétravail ou assimilé », selon le décret du 14 mai 2020 qui crée cette rémunération exceptionnelle.
Des critères édictés par les établissements
En raison de leur autonomie, les établissements ont établi seuls les critères d’attribution qui varient donc d’une université à l’autre. Mais les syndicats regrettent que les conditions pour bénéficier de cette prime n’aient pas été diffusées. « Des établissements ont même décidé de ne pas verser cette prime », note Nathalie Frayon.
« Certains établissements ont versé la prime aux agents qui ont travaillé en présentiel pendant le confinement, d’autres uniquement aux personnels de catégorie C, d’autres aux responsables de scolarité », détaille Élisabeth Sioudan-Devailly. Par exemple, l'Université de Poitiers a versé la prime en priorité aux personnels de santé.
Une procédure d’attribution critiquée
De même, la procédure d’attribution diffère selon les établissements. « Certains ont joué le jeu, ont discuté de la prime dans des groupes de travail et l’ont votée lors du comité technique d’établissement, ce qui est la procédure classique. D’autres ont constitué des groupes de travail sans représentant du personnel », souligne Nathalie Frayon.