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Quel est le poids de la filière edtech en France ? Les 5 points à retenir d’une étude de référence

Par Isabelle Cormaty | Le | Edtechs

Après un boom durant la crise sanitaire, la filière française des technologies pour l’éducation poursuit sa croissance. Elle compte 15 000 salariés, 540 entreprises et a réalisé un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros en 2023, d’après une étude réalisée par le cabinet de conseil EY-Parthenon et la Banque des Territoires.

Les résultats de l'étude 2023 menée par EY et la Banque des territoires ont été présentés le 29 mai. - © Tung Nguyen(Pixabay)
Les résultats de l'étude 2023 menée par EY et la Banque des territoires ont été présentés le 29 mai. - © Tung Nguyen(Pixabay)

Après deux études en forme d’état des lieux de la filière edtech réalisées en 2020 et 2022, le cabinet de conseil en stratégie EY-Parthenon a présenté le 29 mai les résultats de sa dernière analyse.

Financée par la Banque des territoires et menée, en partenariat avec EdTech France et l’Afinef, cette étude dresse un panorama de la filière en 2023 et permet d’en saisir les dynamiques. Synthèse de cinq enseignements à en retenir.

1. Un chiffre d’affaires estimé à 1,6 milliard d’euros en 2023

Premier chiffre clé de l’étude : le chiffre d’affaires des entreprises edtechs françaises s’élève à 1,6 milliard d’euros en 2023, contre 1,3 milliard d’euros estimés en 2021.

« La filière edtech est pleinement un acteur de la French Tech. Son poids est comparable à la fintech (1,9 milliard d’euros) ou la healthtech (1,4 milliard d’euros) », salue Jérôme Fabry, associé France chez EY-Parthenon.

« Malgré les difficultés à lever des fonds et une croissance ralentie sur le plan économique, la filière edtech a continué à croître en 2023. Sa résilience est forte grâce à des entreprises agiles et hybrides présentes sur plusieurs segments de marché », poursuit-il.

En 2021, lors de la précédente étude, 70 % du chiffre d’affaires du secteur était généré par une vingtaine d’entreprises, issues en majorité de la formation professionnelle. Malgré un léger recul, cette concentration persiste en 2023 : le top 20 des edtechs réalise 58 % du chiffre d’affaires de la filière. « On voit apparaître un second groupe d’entreprises très dynamiques, le top 40 de la edtech », précise-t-il.

2. Une filière composée de 540 entreprises françaises

Jérôme Fabry est associé France chez EY-Parthenon. - © D.R.
Jérôme Fabry est associé France chez EY-Parthenon. - © D.R.

La filière française compte 540 entreprises edtechs (contre 500 en 2021) et 15 000 emplois (soit 5 000 de plus en deux ans). Les edtechs se répartissent en trois segments de marché : le scolaire, le supérieur et la formation professionnelle.

« Près des deux tiers, des entreprises sont au moins positionnées sur deux segments. Une tendance qui existait déjà il y a deux ans, mais qui s’est accentuée. Il y a aussi des entreprises qui font du chiffre d’affaires en dehors de la edtech en raison de la porosité avec la HRtech ou la healtech », expose l’expert d’EY.

3. Les particularités du marché du supérieur

42 % des entreprises centrées sur le supérieur ont une activité à l’international. L’enseignement supérieur est le dernier marché de la filière française au niveau du chiffre d’affaires, derrière la formation professionnelle et le scolaire.

« C’est probablement le segment où la concurrence étrangère est la plus grande. Les établissements internalisent aussi des solutions technologiques, mais on ne peut pas parler de saturation du marché du supérieur », analyse le responsable d’EY-Parthenon.

Si 49 % des edtechs majoritairement présentes sur le segment du scolaire proposent des solutions pour assurer la continuité des apprentissages hors de la classe, l’offre sur le supérieur diffère. Les trois principaux services des edtechs du supérieur sont en effet :

  • la personnalisation de l’expérience d’apprentissage (42 %) ;
  • l’évaluation des compétences (36 %) ;
  • et l’aide à la préparation des cours pour les enseignants (32 %).

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4. Des entreprises innovantes qui ont pris le virage de l’IA

Orianne Ledroit est déléguée générale de l’association EdTch France depuis juin 2023. - © D.R.
Orianne Ledroit est déléguée générale de l’association EdTch France depuis juin 2023. - © D.R.

« Cela nous tenait à cœur de mesurer l’envergure technologique de la filière qui n’est pas assez considérée comme une filière industrielle. Or 78 % des edtechs développent toute ou une partie de leur technologie en interne », souligne Orianne Ledroit, déléguée générale d’EdTech France.

77 % des edtechs tricolores font de la veille technologique. Les technologies qu’elles utilisent le plus sont : l’intelligence artificielle générative (30 % des sociétés), le machine et le deep learning (23 %) et l’IA non générative (22 %).

« Les edtechs ont massivement pris le tournant de l’IA qui est un levier de transformation et de performance », ajoute Jérôme Fabry.

L’étude met par ailleurs en lumière les liens entre les entreprises du secteur et la recherche : 50 % des edtechs collaborent avec des organismes de recherche pour développer leurs produits et 35 % réinvestissent plus d’un quart de leur chiffre d’affaires dans la R&D.

5. Des start-up jeunes, plus féminisées que la moyenne

Concernant la taille des edtechs, il s’agit majoritairement de petites structures. 58 % comptent moins de six salariés, « ce qui témoigne encore de la jeunesse de la filière. À l’autre extrémité du spectre, 6 % des entreprises ont plus de 100 employés et 2 % ont plus de 500 employés. Le profil le plus représenté est celui des entreprises en phase en croissance (60 %) », précise Jérôme Fabry.

Depuis septembre 2023, Alice Bouteloup est responsable du pôle éducation de la Banque des territoires (Caisse des dépôts). - © D.R.
Depuis septembre 2023, Alice Bouteloup est responsable du pôle éducation de la Banque des territoires (Caisse des dépôts). - © D.R.

Parmi les 540 entreprises edtechs françaises, « 45 % des équipes fondatrices sont féminines ou paritaires, soit beaucoup plus que dans les autres secteurs (14 % dans la French Tech) », note Alice Bouteloup, la responsable du pôle éducation de la Banque des territoires.

« La filière edtech est aussi exemplaire de par son engagement sociétal ou environnemental. 69 % des entreprises sont engagées sur l’inclusion, 38 % sur l’environnement, 34 % sur la santé et 24 % sur l’économie sociale et solidaire. Cela résonne particulièrement pour la Banque des territoires pour qui la recherche d’impact extrafinancier est un critère important », ajoute-t-elle.

Une seconde étude sur les collaborations public/privé

Outre ce panorama global de la filière edtech, la Banque des territoires et le cabinet EY-Parthenon ont réalisé une seconde étude sur la collaboration entre l’Education nationale, les collectivités territoriales et les entreprises edtechs.

Plus de 250 collectivités territoriales ont répondu à une enquête quantitative et une cinquantaine d’experts du secteur ont été sollicités pour cette étude dont les résultats seront présentés le 10 juin, lors d’un événement au Hub des territoires à Paris.

Concepts clés et définitions : #Edtech