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Le carnet de Campus Matin : les cinq prises de postes à suivre en juin 2023

Par Marine Dessaux, Théo Haberbusch | Le | Personnels et statuts

La nouvelle conseillère pour l’enseignement supérieur auprès de la Première ministre, le président de la Cdefi et son bureau, des nouveautés au cabinet de Sylvie Retailleau… Apprenez-en plus sur les cinq mouvements dans l’écosystème de l’enseignement supérieur et de recherche qui ont marqué le mois de juin.

Comme chaque mois, découvrez les enjeux de cinq prises de postes de l’ESR. - © Pexels/Dirk Schuneman
Comme chaque mois, découvrez les enjeux de cinq prises de postes de l’ESR. - © Pexels/Dirk Schuneman

Bénédicte Durand, Emmanuel Duflos, Vincent Goudet, Lucas Tourny, Caroline Mauriat et Anne Roger. Ces personnalités de l’enseignement supérieur et de la recherche prennent des fonctions stratégiques.

1. Bénédicte Durand, conseillère éducation, jeunesse, enseignement supérieur et sports à Matignon

Le 22 juin, Bénédicte Durand est nommée conseillère éducation, jeunesse, enseignement supérieur et sports au cabinet de la Première ministre, Élisabeth Borne. Elle succède à François Weil, qui occupait ces fonctions depuis mai 2022, parti pour raisons de santé.

Son parcours : deux cabinets ministériels, l’administration provisoire de Sciences Po et l’Igésr

Bénédicte Durand conseille désormais la Première ministre sur les sujets d’enseignement supérieur. - © Chancellerie des universités de Paris
Bénédicte Durand conseille désormais la Première ministre sur les sujets d’enseignement supérieur. - © Chancellerie des universités de Paris

Inspectrice générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igésr), Bénédicte Durand a notamment occupé la fonction d’administratrice provisoire de Sciences Po Paris entre février et novembre 2021 et a été candidate à sa direction pour succéder à Frédéric Mion (directeur de l’IEP de 2013 à 2020). Elle avait rejoint l’institut d’études politiques en 2015 comme doyenne du Collège universitaire, avant de devenir directrice des études et de la scolarité en 2018.

Elle a également travaillé au sein de cabinets ministériels, notamment auprès de Gilles de Robien (2005-2007) et Valérie Pécresse (2007-2011) lorsqu’ils étaient respectivement ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, et ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Depuis décembre 2021, elle était rectrice déléguée à l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation de la région académique d’Île-de-France.

Conseiller la Première ministre tout au long de sa feuille de route

Bénédicte Durand devra désormais conseiller et épauler Élisabeth Borne dans les chantiers à venir, notamment pour l’enseignement supérieur. Sur sa feuille de route : un plan d’urgence pour quelque 12 000 logements universitaires dégradés (à raison d’environ 4 000 par an) dans le cadre du plan d’action pour la jeunesse, mais aussi la très attendue réforme structurelle des bourses.

Un premier volet de celle-ci a déjà été dévoilé : 500 millions d’euros pour l’amélioration du système de bourses sur critères sociaux, l’accès à la restauration et au logement. 35 000 étudiants supplémentaires devraient devenir boursiers. Mais c’est la réforme en profondeur du système, annoncée par la ministre de l’enseignement supérieur et la recherche, Sylvie Retailleau, qui doit désormais atterrir.  

Bien sûr, la préparation du budget 2024 sera cruciale, à l’heure où le ministère de l’économie souhaite réaliser des économies massives, le sort de l’enseignement supérieur et de la recherche sera en partie entre ses mains. D’autant que Sylvie Retailleau a annoncé poursuivre les travaux sur la revoyure de la Loi de programmation de la recherche à l’automne.

À Matignon, tour de contrôle des échanges interministériels, elle devra bien sûr faire le lien entre le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche d’une part et l’Élysée d’autre part. Selon plusieurs sources, les relations du ministère avec la conseillère d’Emmanuel Macron, Anne Laude, conseillère éducation, enseignement supérieur, recherche et innovation, sont en effet dégradées depuis de nombreux mois.

De même, Bénédicte Durand aura à cœur de faciliter les relations entre ministères de l’éducation et de l’enseignement supérieur, en particulier alors que se profile une réforme des concours enseignants.

2. Emmanuel Duflos, président de la Cdefi

Emmanuel Duflos, directeur général de l’EPF école d’ingénieurs est élu président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi), le 14 juin, lors d’une assemblée générale suivie du colloque annuel de la conférence à Bruxelles. Seul candidat, il succède à Jacques Fayolle, directeur de Mines Saint-Étienne, président depuis 2019 et qui ne pouvait pas se présenter à nouveau. 

C’est la première fois que la Conférence est présidée par un directeur d’école privée. Mais le parcours d’Emmanuel Duflos lui permet de fédérer toutes les catégories d’établissements. 

Un début de carrière à Lille : à l’Isen puis Centrale

Emmanuel Duflos prends la tête de la conférence qui réunit les directeurs d’écoles d’ingénieurs. - © Magali Delporte
Emmanuel Duflos prends la tête de la conférence qui réunit les directeurs d’écoles d’ingénieurs. - © Magali Delporte

Diplômé de l’Institut supérieur de l’électronique et du numérique (Isen) Lille — actuelle Junia Isen — en 1991, Emmanuel Duflos y débute sa carrière quatre ans après comme enseignant-chercheur, après avoir obtenu un DEA à l’Université de Paris-Saclay (alors Paris XI) et un doctorat de l’Université de Toulon en 1995. Il obtient une habilitation à diriger des recherches en 2002 auprès de l’Université de Lille.

Il rejoint Centrale Lille en 2003 comme professeur des universités, devient directeur des systèmes d’information en 2006, puis directeur adjoint de l’établissement en 2010, fonction qu’il cumule avec la direction de la recherche à partir de 2011. De 2014 à 2020, il occupe le poste de directeur général.

Depuis le 1er avril 2023, Emmanuel Duflos dirige l’EPF.

Repenser la structuration des travaux et commissions de la Cdefi

Emmanuel Duflos annonce plusieurs enjeux pour son mandat à venir lors de la présentation de sa candidature à News Tank Éducation & Recherche, le 9 juin (abonnés). Il souhaite lancer une réflexion sur la structuration des travaux de la Cdefi : avec la qualité de vie étudiante comme sujet majeur ainsi que la prise en compte des enjeux transformants pour la recherche (notamment de transition écologique) aussi bien dans les sujets des travaux scientifiques que dans la façon de les mener.

Il prévoit par ailleurs de restructurer les commissions afin qu’elles correspondent aux « sujets d’intérêt transversaux à l’ensemble des écoles ». Cinq thématiques sont esquissées : « Formation — Recherche - Innovation » ; « Accompagnement des étudiants » ; « International et Europe » ; « Transition écologique et responsabilité sociétale » et « Ressources et accompagnement des personnels ».

Enfin, Emmanuel Duflos veut mettre l’accent sur la reconnaissance des diplômes portés par les écoles d’ingénieurs en tant que parties intégrantes de l’ESR français quelle que soit leur typologie (publique, privée, externe, interne). Il estime nécessaire un investissement massif pour les établissements dépendant du MESR, une recherche de fonds qui doit être menée « sans négliger aucune piste », y compris donc les frais d’inscription.

3. Vincent Goudet, sous-directeur de la gestion des carrières Biatss à la DGRH

Vincent Goudet est renouvelé dans ses fonctions de sous-directeur de la gestion des carrières au sein du service des personnels bibliothécaires, ingénieurs, administratifs, techniciens, personnels sociaux et de santé (Biatss) à la Direction générale des ressources humaines (DGRH), au sein de l’administration centrale des ministères de l’éducation nationale et de la jeunesse (MENJ) ; de l’enseignement supérieur et de la recherche ; et des sports et des jeux olympiques et paralympiques. Un renouvellement pour une durée de trois ans.

Un parcours dans l’administration centrale

Vincent Goudet occupe ce poste depuis juin 2020. - © D.R.
Vincent Goudet occupe ce poste depuis juin 2020. - © D.R.

Titulaire d’une maîtrise en droit public de l’Université Lyon 3, et diplômé de l’Institut régional d’administration de Metz en 1998 puis de l’ÉNA (aujourd’hui Institut national du service public) en 2007, Vincent Goudet entre au MENJ comme chef de bureau de gestion statutaire et des rémunérations des personnels de l’administration centrale.

En 2011, il est nommé directeur du service interacadémique des examens et des concours des académies de Créteil, Paris et Versailles. De février 2018 à juin 2020, il était chef de la mission coordination des maîtrises d’ouvrage des systèmes d’information de gestion RH (SIRH) à la DGRH. Il est nommé sous-directeur chargé de la gestion des carrières des personnels Biatss en juin 2020.

Des enjeux d’attractivité pour les carrières Biatss

La Loi de programmation de la recherche comporte des mesures pour les personnels administratifs, techniques, sociaux et de santé. En vertu d’un accord relatif à l’amélioration des rémunérations et des carrières de 2020, les possibilités de promotion de la filière des ingénieurs et personnels techniques de recherche et formation (ITRF) ont ainsi bénéficié de promotions nouvelles, dans le cadre du repyramidage (1046 postes ouverts en 2022). 

Du côté de l’indemnitaire, l’indemnités de fonctions, de sujétions et d’expertise (IFSE) a progressé en moyenne de 316 € entre décembre 2020 et juin 2022.

Mais les sujets restent nombreux. D’abord, l’ensemble des métiers ne sont pas concernés par le repyramidage, la priorité étant allée aux fonctions liées à la recherche. Ensuite, les primes des différents corps de Biatss ne sont pas harmonisées, ce que les syndicats pointent régulièrement.

Enfin, il y a urgence, la question de l’attractivité de ces métiers étant désormais régulièrement posée : les établissements ont de plus en plus de mal à recruter des juristes, informaticiens, gestionnaires, ingénieurs pédagogiques…

4. Lucas Tourny, chef et conseiller diplomatique du cabinet de Sylvie Retailleau

Lucas Tourny, chef de cabinet de la ministre Sylvie Retailleau depuis mai 2022, élargit son portefeuille et devient également conseiller diplomatique à compter du 19 juin. Il succède dans cette fonction à Aline Humbert. Un nouveau visage accompagne désormais la ministre : Éva Boland, qui devient cheffe adjointe du cabinet.

Un ancien conseiller technique de Jean Castex

En plus d’être chef de cabinet de la ministre, Lucas Tourny est désormais conseiller diplomatique. - © D.R.
En plus d’être chef de cabinet de la ministre, Lucas Tourny est désormais conseiller diplomatique. - © D.R.

Avant de rejoindre le cabinet de Sylvie Retailleau, Lucas Tourny a notamment été directeur de la communication et chef de cabinet au Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) de juillet 2019 à février 2021, puis conseiller technique auprès du chef de cabinet du Premier ministre Jean Castex de février 2021 à mai 2022.

Lorsque Sylvie Retailleau a été nommée ministre, il a fait partie des premières recrues de l’ancienne présidente d’université, accompagnant Olivier Ginez, directeur de cabinet, qu’il côtoyait chez Jean Castex. 

Avant cela, il a travaillé dans le privé : en tant que responsable de l’influence et de la communication digitale à Ranstad France de 2017 à 2019.

En cumulant les fonctions de chef de cabinet et de conseiller diplomatique, il orchestrera l’agenda national et international de la ministre. Comme nous l’indiquions dans une analyse des déplacements de Sylvie Retailleau, l’international la mobilise beaucoup : elle a visité 14 pays au cours de sa première année de mandat. 

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5. Caroline Mauriat et Anne Roger, co-secrétaires générales du Snesup-FSU

Anne Roger est maîtresse de conférences à l’Université Lyon 1 Claude Bernard. - © D.R.
Anne Roger est maîtresse de conférences à l’Université Lyon 1 Claude Bernard. - © D.R.

Caroline Mauriat et Anne Roger sont élues secrétaires générales du Syndicat national de l’enseignement supérieur (Snesup) de la Fédération syndicale unitaire (FSU), lors du congrès d’orientation qui s’est tenu à l’Université Paris Cité, du 12 au 14 juin. Elles sont toutes les deux issues de la tendance « Action syndicale » qui a remporté la majorité absolue des suffrages des adhérents lors du vote d’orientation en amont du congrès. Le Snesup-FSU s’adresse à l’ensemble des enseignants exerçant dans les établissements publics, quelque soit leur statut. 

Deux maîtresses de conférences

Caroline Mauriat est maîtresse de conférences en génie électrique à l’IUT d’Aix-Marseille Université et secrétaire académique du Snesup-FSU Aix-Marseille. Anne Roger, secrétaire générale sortante, est à la tête du syndicat depuis juin 2021, elle entame donc son troisième mandat. Elle est maîtresse de conférences en sciences du sport à l’Université Lyon 1 Claude Bernard.

Les enjeux à venir pour le Snesup-FSU

Caroline Mauriat est maîtresse de conférences à l’IUT d’Aix-Marseille Université - © D.R.
Caroline Mauriat est maîtresse de conférences à l’IUT d’Aix-Marseille Université - © D.R.

« Cette représentation exclusivement féminine est une première historique dans l’histoire de notre syndicat à ce niveau de responsabilité », indique le Snesup-FSU le 14 juin. La commission administrative et le bureau national ont également été renouvelés. Ce dernier sera composé d’une majorité de femmes (10 femmes et 8 hommes).

L’appel du congrès d’orientation du Snesup-FSU a défini les points clés suivants pour les revendications à venir :

  • Poursuivre la dynamique unitaire contre la réforme des retraites ;
  • Lutter contre l’extrême droite, notamment sur les campus de l’ESR où elle ne se cache plus pour agir.
  • Se saisir de la question de toutes les urgences écologiques.
  • Défendre le service public de l’ESR face au sous-financement chronique, à la multiplication et à la dégradation des statuts des personnels, à la généralisation des établissements expérimentaux et à la restriction de la démocratie universitaire.
  • Améliorer les conditions de travail grâce à un plan pluriannuel de postes statutaires.
  • Gagner la bataille des salaires en demandant une revalorisation a minima de 10 % du point d’indice pour tous les agents de l’ESR.