3 conseils pour réaliser une vidéo pédagogique
Par Marine Dessaux | Le | Pédagogie
« La vidéo pédagogique est un genre à part entière, au même niveau que le documentaire ou le clip musical » : c’est ce qu’affirme Gwenaëla Caprani, réalisatrice indépendante et cinéaste de formation. Alors, pour apprivoiser ce format bien particulier, elle partage avec Campus Matin ses trois conseils clés.
Ancienne directrice des études pour une formation de producteurs à l’ISCPA et réalisatrice pour le groupe IGS, Gwenaëla Caprani est aujourd’hui productrice indépendante de vidéos pédagogiques. Cette cinéaste de formation, diplômée de l’école Louis Lumière, a mis son expertise au service de l’enseignement supérieur où elle a découvert les subtilités de la vidéo pédagogique.
Dans son livre Réaliser une vidéo pédagogique (2021, éditions Gereso), elle partage ses apprentissages dans ce domaine. Et, pour Campus Matin, elle en extrait trois conseils.
1. Ne confiez à la vidéo que des sujets qui lui vont bien
« La question de la vidéo pédagogique est la même avec ou sans Covid », estime Gwenaëla Caprani. Et pour cause : la vidéo pédagogique est un outil chronophage dans sa réalisation qui « doit durer dans le temps ». Ainsi, la réalisatrice conseille de ne jamais mettre d’actualité ou d’éléments susceptibles d’évoluer dans une vidéo pédagogique.
« On ne fait pas une nouvelle vidéo tous les trois mois. Des PDF peuvent servir à donner des éléments d’actualité dans un parcours de formation. Mais les vidéos, elles, doivent pouvoir servir pendant cinq ou six ans. Il faut faire attention à ce que le contenu ne se périme pas. »
Plus généralement, elle suggère : « Ne confiez à la vidéo que des sujets qui lui vont bien ». Une approche que l’universitaire André Tricot, auteur de plusieurs rapports sur le numérique, l’enseignement et l’apprentissage, aborde dans Apprendre avec le numérique. « Des tests scientifiques ont montré que pour tout ce qui est système de procédure, les sujets très larges, vont très bien avec la vidéo », rapporte Gwenaëla Caprani.
2. Travaillez et appropriez-vous votre voix
« L’image ne vient qu’en soutien d’une voix », affirme celle qui a ouvert le département audiovisuel du groupe IGS. Pour s’entraîner, le mieux est encore de « s’enregistrer dans un cadre bienveillant, avec un simple smartphone, et de faire ce travail de prise de confiance, de découverte de sa voix ».
« Les enseignants peuvent tirer parti de tout ce que les professionnels de la voix ont appris, que ce soit les journalistes radio ou les comédiens. Il peut être intéressant de se pencher sur leurs techniques et se les approprier », ajoute Gwenaëla Caprani.
Ainsi, la réalisatrice propose de s’entraîner avec un sujet qui s’adresse aux étudiants en veillant à ne pas parler “de” mais “à”, et pour cela se représenter ou créer un personnage fictif auquel on aurait envie de s’adresser. « Le formateur peut imaginer son 'apprenant fétiche' à qui il racontera son enseignement. »
Gwenaëla Caprani souligne par ailleurs que l’enseignant est, dans les faits, un professionnel de la voix même s’il ne se considère souvent pas comme tel.
3. Expérimentez et exigez des espaces d’expérimentation
« On est à la préhistoire de la vidéo pédagogique ! », s’exclame Gwenaëla Caprani. Elle incite les enseignants : « Expérimentez et exigez des espaces d’expérimentation, le plus possible dans votre environnement. Exigez de pouvoir essayer. Nous sommes au début de la vidéo pédagogique, à la période la plus favorable pour faire des essais ».
Ainsi, les enseignants qui ont « déjà fait leur travail de voix, qui ont déjà repéré dans leur matière, grâce à leur expérience, les notions faciles à transmettre et celles qui sont plus délicates » n’ont plus qu’à expérimenter avec la vidéo pour savoir ce qui leur correspond le plus.
Selon Gwenaëla Caprani, plutôt que de se laisser complètement guider par l’ingénieur pédagogique, il est souhaitable que le chargé d’enseignement ait fait ce travail préliminaire.
Et pourquoi pas proposer aux étudiants de réaliser des vidéos pédagogiques à leur tour ?
« La génération qui vient a une telle culture de l’audiovisuel, une vraie intelligence de l’outil, qu’ils savent quoi en faire », considère Gwenaëla Caprani.
Ainsi elle salue l’initiative d’un professeur de chimie qui a incité ses étudiants à réaliser une vidéo pédagogique expliquant le principe du processus expérimental. « Il demandait à ce que le tempo de la vidéo corresponde aux étapes de l’expérience. De cette façon, il éveille ces jeunes à inscrire le processus expérimental dans un tempo : la vidéo c’est un temps qui passe. »