Former les enseignants de classes prépa à Python… grâce aux outils d’une école de commerce !
Par Marine Dessaux | Le | Pédagogie
Une formation au langage informatique Python à destination des enseignants de classes prépas. C’est ce que l’école de management Neoma a mis en place pour répondre à l’appel de l’Aphec qui rassemble les professeurs de CPGE économiques et commerciales. L’enjeu : préparer l’arrivée des cours de code dans les programmes des prépas.
C’est en réponse à un appel lancé par Alain Joyeux, président de l’association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales, l’Aphec, qu’est née la formation à Python dédiée aux enseignants et proposée par Neoma business school.
En décembre 2020, il lance un appel aux écoles de management pour qu’elles aident à former les enseignants membres de l’association au désormais incontournable langage informatique.
« Avec la réforme des CPGE, Python sera enseigné en prépa HEC », contextualise Denis Gallot, directeur du campus rouennais de Neoma.
L’école de management répond à l’appel en mettant, dans un premier temps, sa plateforme dédiée à l’apprentissage de Python, la Coding school, à disposition de l’association. « Les enseignants peuvent se connecter à cet outil pour suivre des cours en autonomie avec des tutoriels et des exercices », explique Denis Gallot, qui est responsable du projet Coding school.
À cela, des cours en distanciel ont été ajoutés, à partir de la fin mars. Ces formations de trois séances de cinq heures, proposées gratuitement, continuent à se dérouler jusqu’en juin. Au total, 140 enseignants se sont inscrits.
Une formation conçue pour des besoins différents
Pour ce projet, Neoma constitue une équipe : « J’ai travaillé avec plusieurs collègues à la mise en place de cette formation des enseignants, témoigne Sami Attaoui, responsable du département finance à Neoma. Nous nous sommes penchés ensemble sur le déroulement du contenu et c’est un collègue, expert de la programmation, qui a délivré la formation. »
Un formateur rodé à l’enseignement de Python à des étudiants : « À Neoma, cela fait longtemps qu’on a des cours de Python, nous avons pu voir la difficulté de l’enseigner, l’importance du peer-to-peer dans cette formation-là », précise celui qui est également professeur de finance.
Mais il a changé sa façon de faire pour ce nouveau public : « Le contenu a été adapté pour correspondre au nouveau programme des classes prépa. Nous avons également réfléchi aux applications possibles. Une partie des apprenants étant des débutants - quand nos élèves à bac+5 ont souvent un niveau intermédiaire -, nous avons pensé la formation dans ce sens », décrit Sami Attaoui.
Créer un continuum entre école et enseignants CPEG
Cette collaboration entre grande école et enseignants de classes préparatoires intervient « car il y a un continuum entre ces deux formations », dit Denis Gallot.
« Nous travaillons ensemble sur plusieurs axes, notamment les langues ou l’économie, pour un meilleur alignement entre prépa et grande école : il s’agit de ne pas parler de deux plus trois ans, mais bien de cinq ans », approfondit-il.
Une plateforme pour apprendre plus efficacement
L’objectif de la Coding school, plateforme utilisée à la fois pour la formation autonome et avec un enseignant, est de permettre de travailler à plusieurs en ayant accès aux écrans des autres. « L’intérêt est de pouvoir voir et modifier l’écran de quelqu’un d’autre : à la fois pour l’enseignant qui peut ainsi voir les erreurs et pour les apprenants qui peuvent suivre la correction. Quand je faisais ce type de cours avant, je devais bouger d’une table à l’autre pour aider les étudiants bloqués, ce qui ralentissait la progression du cours », dit Sami Attaoui.
Quelles difficultés pour apprendre un langage informatique ?
« Apprendre la programmation c’est apprendre un langage avec ses règles. Pour celui ou celle qui débute, il peut y avoir difficultés d’écriture, de syntaxe, et pour les plus aguerris, il s’agit de maîtriser les différences entre langages. Concrètement, on travaille avec une série de bibliothèques composées de codes préconçus - pour dessiner un graph, résoudre une fonction, etc. - et la formation consiste à expliquer quelle bibliothèque utiliser et comment le faire », explique Sami Attaoui.
Vers une formation élargie ?
Si Python est à l’ordre du jour, la plateforme de Neoma permet d’apprendre six langages actuellement implémentés, et dix de plus dans un an. Au total, elle peut en supporter jusqu’à 135 ! Alors, quid de l’apprentissage d’autres langages pour d’autres enseignements ?
« Nous nous adaptons aux différents langages utilisés par les enseignants dans leur cours, indique Denis Gallot. Le langage R, par exemple, est utilisé par les professeurs de statistiques. »
Et pourquoi ne pas élargir cette formation, ou l’accès à la Coding school à plus d’enseignants ? Cela serait possible, d’après Denis Gallot.
Car le langage informatique peut avoir des usages pour la pratique pédagogique : « Si quelqu’un veut analyser tous les articles d’un journal, par exemple, il suffit de créer un code sur Python pour extraire les données et un autre pour les analyser », indique Sami Attaoui.