Toulouse : « the place to be » avec la tenue de l’EAIE, le salon sur l’internationalisation du sup'
Par Camille Bigot | Le | Relations extérieures
Trouver un hôtel à Toulouse était mission impossible du 17 au 20 septembre, ou seulement à condition de l’avoir réservé six mois à l’avance… La raison ? La tenue de l’European association for international education (EAIE), un salon européen dédié à l’internationalisation de l’enseignement supérieur. Organisé pour la première fois en France depuis 14 ans, il comptait cette année 7 300 participants issus de 110 pays.
Le parc des expositions de Toulouse accueillait du 17 au 20 septembre 2024 l’European association for international education (EAIE), le plus grand salon européen consacré à l’internationalisation des établissements du supérieur.
L’Université de Toulouse est l’un des organisateurs de cette 34e édition - avec Toulouse Métropole, la Région, et la préfecture -, sous la supervision de Pascal Maussion, chargé de mission. Ce dernier a découvert l’événement en 2017, alors qu’il vient de prendre ses fonctions de vice-président relations internationales de l’école d’ingénieurs Toulouse INP.
« J’ai été séduit par la structure de la manifestation et par l’occasion de rencontrer en un même lieu, sur quelques heures, de multiples partenaires », confiait-il à News Tank (abonnés) en 2023. Il imagine rapidement ce que la France, et tout particulièrement Toulouse peut retirer d’un tel événement.
À l’échelle du pays, cela donne « un écho à la politique ESR française », tandis qu’au niveau des établissements toulousains, l’objectif est « d’intensifier les possibilités d’échanges d’étudiants, d’enseignants-chercheurs et de personnel ».
Pour la Métropole et la région, le bénéfice est lui aussi évident : « Cela représente des millions d’euros d’impact économique et joue sur la notoriété de la ville », estime Pascal Maussion. Il a vu juste !
L’opening reception est « The place to be » ce 17 septembre au soir. Le marché Victor-Hugo, ainsi que les rues adjacentes ont été privatisés pour l’occasion. À dispositions des participants, des produits locaux, proposés par les producteurs de la structure. Les allées du marché sont bondées. Chacun jongle entre assiette de charcuterie d’un côté, fromage de l’autre et verre de vin régional tenu dans le pli du coude. Les bandas battent le pavé à l’extérieur. L’art de vivre à la française !
Une dimension africaine pour l’EAIE 2024
Un peu plus tôt dans la journée, l’ambiance était davantage au travail, notamment à TBS Education, où l’agence française pour la promotion de l’enseignement supérieur à l’étranger, Campus France organisait un séminaire France/Afrique.
Dès 2017, Pascal Maussion décide d’ajouter une dimension africaine à cet EAIE. Il souhaite en faire un espace où se développe et se restructure la relation entre l’Afrique, la France et l’Europe. Pari réussi : grâce au ministère de l’Europe et des affaires étrangères, aux ambassades françaises en Afrique, ainsi qu’à Campus France, une délégation de 64 institutions africaines issues de 17 pays différents se déplace jusque dans la ville rose.
Olivier Chiche-Portiche, directeur coordination géographique marketing et bourses au sein de l’agence Campus France, recense plusieurs objectifs au séminaire : attirer des étudiants français dans les établissements africains, et ouvrir la France à des pays africains non francophones.
« Le Nigeria en est un bon exemple : en l’espace de trois ans, nous avons augmenté la mobilité vers la France de 50 %, atteignant aujourd’hui 500 étudiants », explique-t-il à News Tank.
La matinée est ponctuée par les présentations successives de Campus France, de l’Université de Toulouse, et de l’Université panafricaine, et l’après-midi dédiée à des ateliers sur la coopération.
L’exemple de l’Université de Djibouti
Sur le salon, les stands du continent africain sont donc apparus cette année, comme celui de l’Université de Djibouti. Enclave francophone dans l’Afrique de l’Ouest, les représentants de l’établissement regrettent que les regards se tournent trop souvent vers l’Éthiopie, pas assez vers leur territoire.
Alors, devant une grande affiche vantant les dispositifs proposés par l’établissement, son président Djama Mohamed Hassan, ainsi que ses collaborateurs, accueillent enthousiastes les acteurs de l’ESR français et européens pour parler partenariat. « Nous avons signé une convention avec AgroParisTech ce matin », déclare-t-il.
« Nous sommes l’unique université publique du pays, officiellement créée en 2006. Avant, nous étions en partenariat avec les universités françaises, notamment de Besançon, Dijon et Montpellier. En 2006, nous sommes devenus une université de plein exercice. Nous avons eu un accompagnement de la coopération française, à travers des projets structurants pour former les cadres de l’Université de Djibouti. »
« Jusqu’ici, la coopération avec la France est très importante. Nous gardons ce lien et continuons à envoyer nos enseignants et étudiants, via des bourses d’alternance pour les premiers. Ils sont six mois à Djibouti, et six mois en France dans des laboratoires d’accueil. Sur les 350 enseignants de l’université, pratiquement tous ont été formés en France », ajoute-t-il.
Un stand de 89m2 pour l’Université de Toulouse
La mobilité étudiante est également au coeur des discussions sur le stand de l’Université de Toulouse, qui « n’a jamais été aussi grand », selon Pascal Maussion. Il accueillait 14 établissements du site sur 89m2. En parallèle les écoles toulousaines ont organisé des « Campus Experience » ou un Partner Day.
« Ces événements sont de belles opportunités pour rencontrer de nouveaux partenaires. Dans certains cas, cela débouche sur la signature d’accords. Par exemple, Toulouse INP va en profiter pour signer un accord de double diplôme avec l’Université San Francisco de Quito (Équateur). »
60 établissements sur le Pavillon « France »
Du côté de l’hexagone, 60 établissements étaient réunis sous le pavillon France monté chaque année par Campus France. L’espace proposait à la fois des stands pour les écoles intéressées, ainsi que des bureaux tournants pour celles souhaitant organiser des rendez-vous rapides.
« Un des messages que nous avons voulu faire passer, avec l’Université de Toulouse, est que la France, à travers son ESR, est une porte ouverte pour les étudiants étrangers non seulement sur l’Europe, mais aussi vers le monde de la francophonie, notamment en direction de l’Afrique », déclare Donatienne Hissard, directrice générale de Campus France.
Signature d’un MoU entre Campus France et cinq agences homologues
Au centre, un espace composé de sièges en bois, de décorations fleuries, ainsi que d’un large pupitre estampillé Campus France. Le lieu est investi lors de signature d’un mémorandum d’entente (MoU) entre Campus France et ses homologues néerlandais, américain, allemand et britannique, le 19 septembre.
« Il formalise la maturité de nos relations, indique Donatienne Hissard. Il y a actuellement un besoin de resserrer les rangs, car la mobilité internationale peut être un sujet de critique, que ce soit pour son empreinte carbone ou à travers des débats sur l’immigration — la mobilité étudiante étant parfois faussement associée à la clandestinité. »
Un sustainability corner à l’EAIE
L’impact de la mobilité sur l’environnement est également un sujet dont l’EAIE a décidé de s’emparer avec la mise en place d’un coin du développement durable (ou sustainable corner), animé notamment par des étudiants bénévoles.
Plusieurs nouveautés sont à noter cette année, comme la mise à disposition de pins « J’ai voyagé vert » durable et réutilisable plutôt que des stickers, la possibilité de ne pas récupérer le tote bag de l’EAIE, ou encore de faire des mesures approfondies des émissions de carbone, ainsi que des conférences sur le sujet.
« Un appel à l’action en faveur de l’enseignement supérieur » (Piet Van Hove, président de l’EAIE)
« Le monde d’aujourd’hui n’est pas entièrement favorable à l’éducation. La conférence de cette année est un appel à l’action en faveur de l’enseignement supérieur, j’espère que vous profiterez de tout ce que nous avons à offrir pour créer des liens », déclare Piet Van Hove, président de l’EAIE, lors de son discours à la session plénière au début de la 34e réunion annuelle de l’EAIE à Toulouse le 18 septembre.
Il a été rejoint sur scène par Elisabeth Moreno, ancienne ministre française déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes, à la diversité et à l’égalité des chances (de 2020 à 2022). En prémisse de cette 34e édition, elle déclarait pour sa part : « La vraie libération ne vient pas du seul pouvoir économique mais du pouvoir de la connaissance. L’information est libératrice, et l’éducation est la prémisse du progrès dans chaque société. »
« L’éducation internationale prépare les leaders de demain à relever les défis mondiaux, elle ouvre nos horizons. Dans une période d’incertitude politique où le monde est confronté à des défis globaux allant des tensions politiques au changement climatique, les modèles traditionnels ne préparent plus les étudiants à la complexité du monde d’aujourd’hui. »
« Nous devons repenser et adapter l’éducation pour garantir une pensée critique et une compréhension globale de notre planète. C’est votre engagement, en tant que professionnels de l’éducation, qui nous aidera à embrasser la richesse du monde et à assurer une collaboration durable. »